La ferme du Grand Rouillon (2) 1607-1781

Chronique du Vieux Marcoussy ----------------------------------------------------------------__-----mai 2011

JP. Dagnot

C. Julien

 

 

Cette chronique continue l'histoire du Grand Rouillon. Nous avons vu précédemment que ce hameau relevait de plusieurs seigneuries dont le prieuré Saint-Pierre de Montlhéry, celui des Chartreux de Saulx avec une partie dans la mouvance du seigneur de Lunaisy. Au début du XVIIe siècle, nous avions laissé le procureur Thévenin qui achetait les terres et masures de Rouillon pour les rassembler et en faire un domaine noble . Le texte qui suit concerne principalement la ferme du Grand Rouillon, située sur la rive droite du ruisseau, paroisse de Nozay.

 

 

Les achats du procureur Thévenin

Les transactions commencées en 1607 par le transport des droits sur la ferme du Grand Rouillon continuent. Le 5 octobre 1611, Denis Thévenin poursuit ses achats par l'acquisition au procureur royal de Montlhéry d'un arpent au Grand Rouillon. «  Jacques Fontaine, procureur et huissier royal, demeurant à Montlhéry, cède à honorable homme Denis Thévenin, procureur en Parlement demeurant à Paris rue du Fère, paroisse saint Estienne-du-Mont, à la somme de cent sols, venant de la moitié de 10 livres de rente venant de Pierre Fontaine, père dudit, faite en 1579  ». La vente concerne plusieurs pièces et «  une maison, granches, estable en ruynes de présent, le tout vendu moyennant soixante livres  ».

Quatre mois plus tard, c'est la vente d'un arpent et demi à Rouillon. L'acte mentionne «  Charles Laurent, marchand bouscher, demeurant à Longjumeau, vend à Denis Thévenin, un arpen et demy de terre ou environ où y souloit un bastimen et maison audit lieu, tenant aux Bruyères de Saulx, au chemin de Longjumeau à Marcoussis en la censive des Chartreux; la vente faite moyennant 37 livres tournois  ». Puis en juillet 1614, chez les mêmes notaires, Thévenin achète à un nommé Janot deux quartiers de terre et saussaies à Rouillon. Trois ans après, le sieur Jacques Lebas fait l' acquisition de bois et terres labourables en la censive des Chartreux qu'il revend en août 1618 à Denis Thévenin.

Le 20 décembre 1617, Jacques Liger, laboureur demeurant à la ferme de Bellejambe, agit en son nom et au nom de son frère Jehan Liger, laboureur en la ferme du Mesnil Forget, «  lesquels vendent à Denis Thévenyn, sept quartiers de terre en deux pièces à Rouillon, paroisse de Nozay, tenant au ruisseau de Rouillon et au ruisseau Blanc, vente faite moyennant 75 livres tournois  ». En juin de l'année suivante, devant le notaire de Longjumeau, le marguillier de l'église de Saulx reçoit une quittance de rachat de Thévenin pour 24 livres sur une rente.

En août 1618, Jacques Lebas, demeurant à Nozay, vend à Denis Thévenin, conseiller en la cour de Parlement, demeurant rue Gallande, paroisse saint Estienne-du-Mont, «  les héritages qui ensuyvent :
- demy arpent de boy à Rouillon paroisse de Saulx au lieudit les Bruyères, tenant au chemin de Ballainvilliers à Villejust;
- ung quartier de friche au mesme lieu,
- autre pièce tendant au chemin du Plessis-St-Père à Nozay en la forest de Jehan Lemaistre en censive du prieuré Saint-Pierre de Montlhéry.
La vente est faite moyennant 105 livres tournois (1).

De nouveau en novembre 1620, Denis Thévenin achète de Mathurin Vallée, devant le notaire de Longjumeau, un demi quartier de terre à Rouillon. En mars 1621, Marion Jannot, veuve de feu Martin Fessard, séparée de biens d'avec luy, demeurant à Saint-Michel, confesse avoir vendu à noble homme Messire Denis Thévenin, absent, et Françoise Richard sa femme, trois espasses de masures sans aucuns bois, thuille, chaulme, ny mesme aulcunes pierres , tenant en fond de terre trois quartiers au lieu de Rouillon, venant de la succession de sa mère Madeleine Delanoue, tenant au chemin de Viljust en censive des religieux Chartreux et de l'église de Saulx pour des obits à son ayeulle, ..., autres terres en la censive de Saint-Pierre, cette vente faicte moyennant la somme de huit vingt livres. Puis, cinq arpents et demi à Rouillon sont vendus le 17 mai 1621 par Jean Brizard à Denis Thévenin. Un extrait du terrier de 1622 mentionne que Jehan Barraguier est laboureur de la ferme de Rouillon de Nozay.

 

 

Succession Thévenin à Rouillon

Le conseiller Thévenin est décédé. Françoise Richard, sa veuve, acquiert de Liénard Legrand trois arpents et trois quartiers de terre en plusieurs pièces sis à Rouillon. L'acte est passé le 31 octobre 1626, devant le tabellion à Longjumeau.

Le 21 février 1630, Hiérosme et Toussaint Reddon  lesquels recongnoissent avoir laissé à Messire Jacques Thévenin, controlleur de la maison du prince de Condé, acceptant, tout et droit de bail à loier et moisson de grains et amortissement venant de dame Françoise Richard, veuve de Messire Denis Thevenin, procureur en la cour de Parlement de Paris de la maison et ferme appelée le Grand Rouillon situé en la paroisse de Nozay mentionné dans le bail à ferme passé devant Lebigot notaire à Longjumeau le 6 octobre 1628.

En 1632, la succession Thévenin est enfin ouverte. Le partage de la ferme de Rouillon est fait entre les Thévenin sous seing privé. Quelques mois plus tard, noble homme Bernard Thevenin, advocat en la cour de Parlement, conseiller du Roy, demeurant en la chancellerie de Paris et dame Catherine Quetin, sa femme, demeurant rue des Noues, paroisse saint Estienne-du-Mont, lesquels transportent à honorable homme Charles Lescombart, bourgeois de Paris demeurant paroisse saint Germain, c'est à savoir la moitié en indivis d'une maison et ferme appelée le Grand Rouillon, sur la paroisse de Nozay, consistant en :
- cour close de murs porte cochère tant devant que derrière couvert de thuilles, sellier, deux chambres, garde robbe à costé d'icelles, grenier au dessus, cinq espasses de maison couvert de chaulme, fournil, estable à chevaulx et à vaches, trois greniers au dessus, deux estables à porcs sur lesquelles y a ung gélinier couvert de thuilles, trois aultres espasses aussy couverts de chaulme servant de bergerie, grenier au dessus ... proche le ruisseau plus quatre aultres espasses servant de grange, la totalité contenant cinq quartiers,
- item la totalité d'un jardin aussi clos de murs attenant et joignant la maison contenant trois quartiers planté d'arbres fruitiers, tenant le long des logis d'un bout aux terres labourables et en bas audit ruisseau,

- suit une liste de pièces de terres tenant au sieur de Lunaisy et au ruisseau, au chemin de Villejust à Ballainvilliers, Ruisseau Blanc, Rouillon, avec beaucoup d'arbres fruitiers, chemin de Marcoussis à Longjumeau, et aux religieux Chartreux.
Les biens viennent de la
succession de feu Denis Thevenin et de Françoise Richard, sa femme, du second lot du partage fait avec Jacques Thevenin le 20 janvier 1632, moyennant 3.400 livres .

 

 

Le Grand Rouillon au sieur Lescombart

Aussitôt en possession de Rouillon, le nouveau propriétaire continue l'œuvre de rassemblement de son prédécesseur par de nombreux achats. Le 19 mai 1633, Lescombart acquiert des biens devant le notaire Beauperrin. La semaine suivante, chez un confrère de celui-ci, Charles Lescombart achète à Ollivier Crécy, greffier de la prévosté de Saux, des bois et héritages. A la fin de la même année, une autre acquisition est réalisée. Le bourgeois de Paris achète 7 pièces de terre dont l'une proche du moulin à vent , moyennant 400 livres . Ces héritages viennent d'un achat à François Brethon, laboureur à Nozay en 1629.

En août et septembre 1634, deux achats successifs sont faits devant des notaire parisiens par Lescombart à Froissant. Puis, en mai de l'année suivante, c'est une acquisition faite par Charles Lescombart de Claude Denis et Jean Aboillard passé par devant Gilles Hanard, commis du tabellionnage de la baronnie de Massy. Peu de temps après Charles Lescombart décède.

Le 5 novembre 1638, Magdeleine Cousturier, veuve de Michel Lescombart, ayeulle et tutrice de Marie Lescombart, fille mineure de deffunt Charles Lescombart, expose qu'en 1632 «  ledit Charles avoit acquis de Bernard et Jacques Thevenin une maison et ferme appelée le Grand Rouillon moyennant 7.000 livres . Icelluy Lescombart avoit tenu ladite ferme quelques temps puis baillé à ferme à un nommé Michel Mignan moyennant 300 livres par an, et que par suite de non paiement, ils ont fait saisir le fermier non solvable et ont repris la ferme et héritages  ». La dite Cousturier est mandatée par un conseil de famille pour régler au mieux la vente décrite ci-dessous.

La semaine suivante, la vente est réalisée par la veuve Lescombart. «  Magdeleine Cousturier, veuve de Michel Lescombard, ayeulle et tutrice de Marie Lescombart fille mineure et héritière de Charles son père, la deuxième femme de Charles, héritière de Pierre, fils d'elle et de Charles, ... et d'autres enfants mineurs du second lit Lescombard, lesquels en conformité avec le conseil de famille vendent à Jehan Mignier procureur en Parlement et Charlotte Rollet, sa femme, la maison et ferme appelée le Grand Rouillon  ». Le descriptif de la ferme est identique à celle de 1632. Il y a «  ung puits, ung corps dhostel couvert de thuille où il y a cuisine, grange accompagnée d'un volet à pigeons appliqué au dessus de la porte de ladite grange, masure, fontaine et 114 arpens de terre  ». La vente est conclue moyennant 4.300 livres (venant de la saisie) plus 8000 livres .

Nous trouvons un extrait du contrat d'acquisition pour deux pièces de terre qui aboutissent sur le chemin de Villarceau à Longjumeau qui sont les mêmes vendues par Esmé Mongin à Charles Lescombart et déclarées par François Breton aux Chartreux. Notons deux arpents un quartier au lieudit le moulin à vent de Villarceaux tenant aux hoirs de Denis Thévenin à cause de l'acquisition faite de Gilles Bouquet à Jean Breton l'aisné. Le 15 juin 1639, un échange entre Mignier et François Brethon est fait par devant le notaire de Beaumont.

Un acte de janvier 1641 nous apprend que Jacques Thévenin acquiert de son frère Jehan Thévenin, sieur de Retaire, la maison et ferme du Petit Rouillon proche celle du Grand Rouillon , venant du partage fait entre eux. Les deniers sont consacrés pour l'achat partiel du Grand Rouillon. Quelques jours après, le partage est fait entre Jehan Thévenin, bourgeois de Paris, et Jacques Thévenin, avocat. «  Jehan cedde à Jacques toutes les terres à lui eschues par le partage et Bernard Thévenin le 20 janvier 1632, size au Petit Rouillon, paroisse de Viljust, celles acquises de Jacques Lebas et François Brethon au même Petit Rouillon, en la censive des Chartreux  ». En échange, Jacques cède à Jehan 150 livres de rentes. En outre, par ces présentes ledit sieur de Retaire a vendu audit Jacques Thévenin , la maison et ferme appelée le Petit Rouillon, la vente faite moyennant 1.950 livres . Pour parvenir au paiement Jacques délaisse la moitié d'une ferme appelée le Grand Rouillon size paroisse de Nozay.

À partir de 1621, l'absence d'informations est notable à Rouillon de Saulx qui avait été le plus important et le plus populeux ; il en est de même pour le Rouillon de Ballainvilliers qui n'a compté qu'une seule et unique maison. Sur la liste funèbre des 118 personnes mortes à Saulx, par suite de la misère et des maladies pendant la Fronde de 1652, aucun nom de paroissien de Rouillon. En 1681, on trouve bien encore une masure dans une pièce de bois et friches, mais cette vague indication ne permet pas de la situer (2).

 

 

Vente de la ferme du Grand Rouillon

Le 5 février 1653, la ferme du Grand Rouillon change encore une fois de mains car François Deageant achète la ferme à Jean Mignier. Noble homme Jean Miguyer, advocat et conseiller d'estat privé du Roy, demeurant à Paris rue Verderet, paroisse saint Eustache, et damoiselle Charlotte Rollet sa femme, lesquels confessent avoir vendu à messire François Deageant, chevallier, baron de Vire, seigneur de Bruslon, Banneste, du Plessis-Saint-Père , demeurant à Paris rue Dauphin, paroisse saint André-des-Arts, la maison et ferme appelée le Grand Rouillon, ses appartenances et dépendances située en la paroisse de Nozay.
Ladite maison et ferme consistant en une cour close de murs partie desquels ont été relevés et réagrandis, icelle cour du costé de la grange et hangar, restablir les deux grandes portes qui estaient tombées, un puits en ladite cour, un corps de logis où il y a cuisine et celier par bas, deux chambres haultes avec garde robes, grenier au dessus et à costé cinq espasses couverts de chaume dans lesquels il y a fournil et habitation du fermier, estable à chevaux, et à vaches et une laiterie que les vendeurs ont fait faire avec une porte de graisserie pour entrer au jardin, ..., toit à porcs gélinier, trois autres espasses couvert de chaume servant de bergerie, quatre autres espasses servant de grange accompagnés d'une volière à pigeon appliquée au dessus de la porte de ladite grange aussi réédifiée, boulain de plastre neuf.
Il y a un jardin attenant et joignant la maison et ferme qui entoure partie d'icelle contenant quatre arpents enclos de murs à neuf de onze à douze pieds de haut , en laquelle se trouve une pépinière de fruits à pépins, mi poires mi pomme, mil pieds que les vendeurs ont fait greffer, mesme quantité d'arbres nains sur cognassiers, trois quartiers de vignes; dans le jardin autour des murailles quantité d'espalier et contre espalier d'arbres nains à pépin sur cognassier, et noyau sur pesches et amandiers.
Les terres labourables comprennent 60 arpents de terres en une seule pièce et 52 arpents de terres en plusieurs pièces. Les 60 arpents devenus une seule pièce par achat à François Brethon, qu'au sieur de Grainville seigneur de Lunaisy, d'un bout au ruisseau du Rouillon et d'autre au Ruisseau Blanc, le tout en la censive du seigneur de Lunaisy chargés de douze deniers de cens par arpent. Les autres terres sont situées sur les chantiers l'Ancien Ruisseau dudit Rouillon, de la Fosse à Jean Lemaistre, des censives des religieux Chartreux, du prieur de Montlhéry, du seigneur de Marcoussis, " tenant à la maison du Plessis " . La vente comprend également les 250 livres de rente sur l'acquisition de 1638. La vente ne comprend pas les meubles, cuves et baignoires. Cette présente vente faite moyennant 14.000 livres tournois.
En toute fin d'acte, est l'inventaire sommaire des tiltres et papiers de la maison et ferme du Grand Rouillon, fournis par Jean Mignier à Deageant. Notons que l'acte est complexe car il a fait l'objet d'une adjudication au Châtelet le 26 juillet 1652.

 

Grand Rouillon dans la seigneurie du Plessis-Saint-Père

Ayant pris possession de la ferme, Messire François Deageant, chevalier, baron de Vire, seigneur du Plessis-Saint-Père, estant de présent en son chasteau dudit lieu, baille à titre de loyer et prix d'argent, sept arpents de terre à Simon Goisede, laboureur demeurant au Grand Rouillon , le bail conclu moyennant 6lt par arpent.

Le même jour 18 novembre 1653, le seigneur du Plessis-Saint-Père baille jusqu'à quatre ans à Jacques Lebas le jeune, laboureur demeurant à La Ville-du-Bois, 90 arpents de terre dépendant de la terre et seigneurie du Plessis, tout ainsi qu'il jouissait avec le sieur baron de Digoin, le bail fait moyennant quatre livres par arpent, également compris les fruits se trouvant sur lesdites terres. Le bail est signé en présence d'un témoin qui est Simon Goisede, fermier du Grand Rouillon.

Le 14 avril 1654, un inventaire est fait à la requeste de Simon Goissede, laboureur à la ferme du Grand Rouillon, en son nom et comme tuteur des enfants de deffunte Jeanne Dandin, sa femme. Au mois de juin suivant, François Deageant délivre un reçu pour une somme de 300 livres payée par le laboureur de la ferme du Grand Rouillon. En 1656, Louis Lemaistre en tant que seigneur de Guillerville, n'arrive pas à se faire payer les droits de mutation du fief du Plessis-Saint-Père qui en est mouvant. Associé à ce fief, il y est adjoint la ferme du Grand Rouillon achetée l'année précédente; à l'issue de la transaction les droits sont réglés.

En 1666, une copie de la déclaration d'estimé faite par Charles Brossamain, seigneur du Plessis-Saint-Père , et de la ferme du Grand Rouillon est délivrée aux Chartreux. En août de la même année, dame Catherine Yvelain, femme séparée en bien d'avecq Charles Brossamain, conseiller du roy et trésorier général de la recette des guerres, estant de présent en sa maison du Plessis-Saint-Père, laquelle confesse avoir baillé et délaissé à titre de loyer et prix d'argent pour neuf années consécutives, à Denis David, laboureur demeurant à la ferme de Rouillon sise proche le Plessis-Saint-Père , appelée le Grand Rouillon, assize en la paroisse de Nozay, consistant en maison et demeure, grange, escurye, estables à vaches, fournil, volière au dessus de la porte de la grange, cour close de murs ainsi que ladite maison et différentes pièces de terre. Le bail est conclu moyennant 500 livres «  ung pors de valeur 20 livres et 4 chappons  ».

Quatre ans plus tard, Catherine Yvelin, femme authorisée de Charles Brossamain, conseiller du Roy, trésorier de l'extraordinaire des guerres, confesse avoir baillé à titre de ferme et de loyer pour six ans à Gilles Collie, laboureur de Ballainvilliers, la ferme du Grand Rouillon qui consiste corps de logis, toit à vaches, bergerie, grange et autres bastimens, six arpents de terre où sont des arbres fruitiers proche ladite maison et la moitié de 60 arpents moyennant quatre chappons. Le même jour, la dame du Plessis-Saint-Père signe un autre bail pour un troupeau de vaches.

 

 

Les fermiers et laboureurs au Grand Rouillon

En septembre 1674, Catherine Yvelin, de présent en son chasteau du Plessis, paroisse de Ballainvilliers, baille à titre de loyer et prix d'argent pour six ans à Adrien Touchain la ferme qui consiste en maison manable, grange, estable, toit à porcs, escurye, bergerie, vollière, vignes, arbres fruitiers estant dans l'enclos pour cent livres.

Le 27 décembre 1679, le père Fizel, curé de Nozay, écrit qu'il a inhumé dans le cimetière «  dudit Nozai le corps de Marie Regnault âgée de 16 ans  » décédée le même jour dans la maison de Jean Courbin, fermier de Rouillon «  où elle étoit servante ladite inhumation faite en présence de Joseph Hubert qui a signé avec moy et de plusieurs autres qui ont déclaré ne sçavoir signer  ».

Adrien Touchain et ses nombreux enfants habitent le Rouillon de Nozay (3). Le dimanche 4 juillet 1684, Marguerite, sa fille aîné, est marraine «  d'un enfant naturel né de Jacques Regnault et de Mathurine Paupe lequel a esté nommé Jean  ». En 1687, Adrien Touchain est toujours laboureur demeurant au Grand Rouillon quand, le 30 avril, il enterre son fils Charles âgé de huit ans fils. En 1691, Pierre Dion est laboureur au Grand Rouillon et sa fille Marie, veuve de Louis Pelée habite à Saint-Pierre de Brétigny. À côté de la ferme du Grand Rouillon, on voyait encore en 1681, la maison de Françoise Delamare, veuve de Jean Froissant.

Le 11 janvier 1693, Catherine, fille de Pierre Prioust, laboureur au Grand Rouillon, tient Germain Artage sur les fonts baptismaux et «  a déclaré ne sçavoir écrire ny signer  ». Le 23 septembre, la ferme du Grand Rouillon est endeuillée par le décès de Pierre Prioust qui est enterré par le père-curé Guillaume Le Prieur au cimetière de Nozay en présence des frères Thénart, Claude et Pierre. En 1703, Thomas Heuzard, journalier, demeure avec sa femme Marie Massy à la ferme du Grand Rouillon. Avec leurs nombreux mioches, ils ont un nourrisson, fille d'un marchand de vin à Paris.

Le 14 janvier 1716, le curé de Nozay donne les sacrements du mariage à Claude Delinote et Marie Loulier, servante au Rouillon de Nozay « après la publication des trois bans faites en cette église de Nozay sans aucune opposition par trois jours de dimanches et festes consécutives sçavoir le vingt cinq décembre, le vingt neuf et cinq janvier de la présente année ». Le marié, âgé de 50 ans, veuf de Marguerite Traudot, est garde de la terre et seigneurie du Plessis-Saint-Père et la mariée, âgée de 45 ans, est aussi veuve de Denis Mesnager.

 

 

La démolition de la ferme du Grand Rouillon

Une déclaration de bail à cens de 1716 par Bonnefonds, seigneur du Plessis-Saint-Père, possesseur depuis 1682, montre que la ferme du Grand Rouillon est toujours debout. La démolition de la ferme du Grand Rouillon « à présent ruinée » par le sieur de Bonnefons est mentionnée le 14 janvier 1729 lors de la vente de la terre du Plessis au sieur Lambert, président trésorier de France au bureau des finances de la généralité de Paris. Une raison majeure en avait hâté la destruction. Une de ses cours et le clos fermé étaient dans l'axe de la principale des trois avenues projetées, qui partant du château du Plessis-Saint-Père restauré, devaient remonter jusqu'au fond du vallon.

 

 

Une déclaration censuelle de 1756 est passée par messire Jean Philippe Hipolyte Lambert, chevalier, seigneur du Plessis-Saint-Père dit la Croix-Saint-Jacques, au seigneur de Lunézy. Nous avons la confirmation que «  le sieur de Bonnefonds, François Pinault, a fait oter, desmolyr la ferme et bastimens du Grand Rouillon  » . La déclaration concerne 63 arpents sis au chantier de la ferme du Grand Rouillon de Nozay tenant d'un bout " au grand chemin de Lunezy à Longjumeau, au bout de ladite pièce au bas à gauche dudit chemin dans un enfoncement proche la barrière de Rouillon où estoit ladite ferme " . Les biens viennent de l'héritage des parents Lambert et en remontant jusqu'à Jean Mignier, avocat au conseil.

Vers 1780, une déclaration censuelle de Jean Barragny, laboureur demeurant en la ferme de Rouillon à Nozay, déclare un demi arpent de prez et saussaye assis audit lieu en censive des Chartreux, attenant au chemin de Longjumeau à Marcoussis et aussi au ruisseau.

En 1781, dans l'acte de vente de la terre et seigneurie du Plessis-Saint-Père, nous trouvons la description de la ferme anciennement appelée le Grand Rouillon, située à droite du chasteau , un peu avant son arrivée, au devant de laquelle est une pièce d'eau, ladite ferme composée d'un logement pour le fermier au dessus duquel est un appartement complet de maître de deux granges, deux grandes cuisines, étable à vaches, toit à porcs,poulailler, bûcher, six remises dont trois fermées, hangar, bergerie, grand garde meubles et autres appartenances de ladite ferme. Devant la porte de ladite ferme deux petits carrés de jardins garnis d'espaliers adossés au mur de ladite ferme. Les jardins du château, le parc et les jardins de la ferme contiennent seize arpents. Les terres attachées à la ferme ont une contenance de 75 arpents.

Les seuls vestiges de l'occupation du vallon du Rouillon, sont les restes de constructions que constitue la ferme de la Croix-Saint-Jacques. Cette demeure champêtre qui "trônait" dans un cadre de verdure magnifique, a été, depuis peu, défigurée par la construction de bâtiments commerciaux modernes. Nous pouvons seulement regretter qu'aucune fouille archéologique n'ait pu avoir lieu pour faire resituer le passé de la vallée.

 

 

Notes

(1) La famille Le Maistre était une des plus importantes de la région au Moyen Âge. En 1362, un Jean Lemaître était procureur du roi à Montlhéry. Un autre Jean Lemaître fut choisi par les ligueurs comme président du Parlement de Paris, après le meurtre de Brisson.

(2) Une cause probable de la disparition des chaumières bâties à la base du Rocher est qu'au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, les propriétaires du Plessis-Saint-Père transformèrent leur maison de campagne en château, qui devint un rendez-vous fréquenté de la noblesse. Agrandissant leur domaine, traçant des avenues, réservant des terrains de chasse, on peut penser qu'ils laissèrent tomber en ruines ou bien supprimèrent les habitations venues en leur possession, par voie d'acquisition.

(3) En 1681, Adrien Touchain est laboureur sur le territoire de la Ville-du-Bois « à Rouillon en une dite paroisse ».

 

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