La capitainerie des chasses de la forêt de Séquigny et gruerie de Montlhéry (3)

Chronique du vieux Marcoussy_____________________________________________ Octobre 2011

C. Julien

 

 

Cette chronique est le troisième volet de la série portant sur l'histoire de la forêt de Séquigny sous l'Ancien régime (XVIe-XVIIIe s.). Nous donnons les folios du document ancien, une copie écrite vers 1700, intitulée « Extrait du registre du greffe de la cappitainerye des chasses de la chastellenye de Montlhéry, forest de Séquigny, butte de Bruyères, Ollainville, boys de Marcoussis et autres lieux qui en dépendent  » pour la période 5 novembre 1641-2 avril 1650 (1).

 

 

Déclaration de Louis Bligny (1633)

La lettre du 17 juillet 1633 est une déclaration de Messire Louis de Bligny lieutenant, gruyer, garde-marteau de la capitainerie des chasses et gruerie de la forest de Séquigny au proffit et de Monsieur Boyer (2).

« Aujourd'huy est comparue pardevant les nottaires royaulx et gardenotes en la ville prévosté et chastellenie de Montlhéry soubz signez, Messire Louis Bligny lieutenant des chasses de la chastellenie de Montlhéry demeurant à Linois lequel a volontairement recoignu et confesse et déclare que sur la résignation et nomination faicte de sa personne à sa Majesté par dame Louis Rochon veuve de deffunct messire Jehan de La Fosse vivant conseiller du roy en son conseil d'estat, commissaire et surintendant général des vivres munitions magazinier de France des camps et armées de Sa Majesté, il ay testé pourvu en l'office de garde et garde-marteau des bois forestz des prévosté chastellenie de Montlhéry et buisson de Séquigny et lieutenant en ladite gruerie. Et néanmoins il n'a jamais prétendu aucune chose audit office et que l'acceptation par luy faicte d'iceluy n'a esté qu'à la prise d'icelle dame de La Fosse et pour luy faire plaisir à laquelle icelluy offrir appartenoit et en a rendu les charges et attributions d'icelluy par ses quittances comme a elle appartenant jusques au bail par elle faict rien autres choses d'y offrir avecq Messire Anthoine Boyer seigneur de Sainte-Geneviève des Bois et Villemoisson, conseiller du Roy en son Conseil d'Estat print par contract passé pardevant Tolleron et Contesse nottaires audit Chastelet de Paris le 10ème avril 1628 de l'extrait duquel au ? faisant mention dudit office est apparu audit Bligny a esté causé à icelluy Bligny autant que besoing est ou estoit dhabondant est en continuant la démission et déclaration par luy faicte dudit office au proffict de ladicte dame de La Fosse pardevant Le Jarre et Tolleron notaires le 16ème janvier 1627 déclaré et déclare ne prétendre aucune chose audit office, qu'il appartient audit sieur Boyer au proffit duquel autant que besoing seroit, il s'en est défini par ces présentes. Consentant néanmoins ledit Bligny que soubz son nom ledict Boyer jouisse et dispose dudict office et résigne les saiges ( ?) et autres droitz ainsy que bon luy semblera… luy passer dans un an si requis est procuration as resignandum d'un office … à l'effet de quoy il a présenté au bailli une semaine d'iceluy sieur Boyer sa démission dudict office pour la présente année 1633. Et oultre a icelluy Bligny faict et constitué son procureur ledit sieur Boyer pour la perception des saignes que besoing est ou sera auquel il a donné pour pouvoir de le faire. Promettant et obligeant, faict en lhostel dudict Bligny audit Linois le 17ème jour de juillet 1633. Signé : Bligny, De Beaumont et Prieur ».

 

Signatures au bas de la déclaration de Messire Louis de Bligny (17 juillet 1633).

 

 

 

Procès-verbaux des gardes de la capitainerie de Séquigny

Dans ce chapitre, nous prenons connaissance des gardes à pied et des gardes à cheval des «  plaisirs du Roy  » en la capitainerie des chasses de Séquigny. Cette fois les extraits du registre concernent les années 1641-1642. Dans leurs procès-verbaux et leurs rapports sur les chasses, nous apprenons que :
- le braconnage était journalier dans l'étendue de la capitainerie, bien souvent les contrevenants sont les domestiques des seigneurs voisins,
- la forêt de Séquigny contenait une grande quantité de gros gibier que les équipages du roi et des princes venaient courir,
- la présence des loups que les officiers de la vénerie et fauconnerie de France venaient chasser de temps en temps.

Du mardy cinquième jour de novembre mil six cens quarante ung. « Aujourd'hui datté des présentes est comparu au greffe de la cappitainerye des chasses de la chastellenie de Montlhéry forest de Séquigny, butte de Bruyères, Ollainville, boys de Marcoussis et ce qui en dépendant, plaines de Longboyau et Longjumeau, boys et buissons adjacents, Pierre Chonnoy garde des plaisirs du Roy en ladicte chastellenye de Montlhéry forest de Séquigny de ce que en depparu, lequel a dict et rapporté que le dernier jour d'octobre dernier, sur les cinq heures du soir environ estant au debuoir de sa charge passant dans ladicte forest par dans la pièce du boys appelée les Hauts Arpens, il trouva qu'il ya avoir une biche mal abattu dont il restoit la teste carcasse un des pieds de devant avecq une partie de la nappe, ce faict en droictz et pour avoir encore faict recherches a trouvé les troys autres pieds avecq les os des cuisses et pareillement qu'il a trouvé et recognu n'y avoir aucune infection et que ladicte biche avoit récemment esté mangée des loups , après avoir visité ce qui restoit de la dicte nappe a trouvé que icelle biche a esté tirée d'un coup d'harquebuze avecq une balle, le trou de laquelle balle paroist à ladicte nappe, dont et duquel ledict Pierre Chonnoy garde à pied des plaisirs du Roy sus nommé a requis et demande lettre quy octroyé ».

Dudit jour mardy cinquième jour de novembre mil six cens quarante ung. « Aujourd'hui datté des présentes est comparu au greffe de la cappitainerye des chasses de la chastellenie de Montlhéry forest de Séquigny, et lieux en dépendant, plaines de Longboyau et Longjumeau, boys et buissons adjacents, Jullien Garil garde à pied en ladicte chastellenie de Montlhéry, forest de Séquigny, lequel a dict et rapporté que le dimanche vingt-huictième jour d'octobre dernier, sur les neuf heures du soir ou environ, il a esté advier par ung nommé Adrien Lambert, poullailier, demeurant à Paris, qu'il y avoit un cerf mal abattu proche le boys nommés le boys du Temple qu'il avoit veu en passant son chemin, où ledict Garil se transporta et y estant arrivé ne trouva poinct ledict cerf la nuit estant obscure, fut dans la ferme où est demeurant Fiacre Duboys où il pris une chandelle dans une lanterne pour luy esclairer et fut accompagné par Fraçois de Villivier, berger dudit Duboys qui luy dict à icelluy Garil qu'il savoit bien le lieu où estoit ledict cerf mort pour l'avoir veu, et estant arrivez ledit Villivier monstra la place audict Garil où il avoit veu ledict cerf, et voyant que ledict cerf n'y estoit plus , cherchant autour dudict lieu où ils ne trouvèrent aucune chose d'icelluy cerf sinon un signe qu'ils trouvèrent dans la place où il avoit esté abattu, dont lettres ».

Du mardy douzième jour de novembre mil six cens quarante ung. « Aujourdhuy datté des présentes est comparu au greffe de la cappitainerye des chasses Jehan le Grand garde à cheval des plaisirs du Roy, en ladicte cappitainerye, lequel a dit et rapporté qui y a aujourd'huy huict jours passant dans la voye de Chilly à Louans, le nommé Blere luy dis testant au bout de la place dudit Louans qu'il y avoit une biche mal abattue au mesme lieu laquelle luy monstra et veu ladite biche laquelle après avoir retournée de costé ny trouva aucun coup, mais qu'elle avoit été mangée des fureurs du loup à la moitié d'une cuisse qu'il ne saisi cy elle avoit esté frappée parce que la jointure de ladite cuisse avoit esté cassée et qu'elle avoit esté prise à la gorge. Que au mesme instant il la fist mener au chasteau de Chilly à Madame la Mareschame d'Effiat qui y estoit. Que son cuisinier l'ayant dépouillée ladite dame un donna audict Le Grand un morceau pour luy faire un pasté. Il y trouva un morceau de plomb dans ledit morceau, dont veu de tout ce que dessus ».

Du mardy vingt-quatrième jour de décembre mil six cens quarante ung, le siège tenant à Saincte Geneviève des Boys. « Nous avons donné lettres à Garil, Ruille et Solliot gardes à pied en ceste dicte cappitainerye de ce qu'ils ont rapporté que le jour de samedy dernier les chasses de Monseigneur frère unique du Roy condhuictz par les sieurs Dutillatont et Desfosser courèrent un cerf dans les boys des Roches qui portoit quatorze et fuyait par leszdictz chemins au Rocher de Saulx qui fut amené à Montlhéry où s'est faict la curée de iceluy ».

 

 

Lettres de provision de Gaston d'Orléans

Étant dans son château de Blois, le 2 octobre 1641, Gaston duc d'Orléans, frère de Louis XIII, donne provision pour l'office d'huissier en la justice des chasses de Montlhéry. Gaston d'Orléans, appelé souvent «  Monsieur le Prince  », avait reçu le comté de Montlhéry en apanage et en était donc le seigneur dominant. «  Gaston filz de France, frère unique du Roy, duc l'Orléans, comte de Bloys à tous ceux que ces présentes lettres trouveront, salut. Sçavoir faisons que pour le bon et louable rapport qui faict nous a esté de la personne de Pierre Fontaine es dict suffisant prud'homme, expérience et capacité à icelluy pourvu, avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présente l'office d'huissier audiencier en la justice et cappitainerye des chasses de Montlhéry qui naguère soulloit estre exercé de deffunt Jehan Fontaine son frère, dernier paisible possesseur d'icelluy vacant à présent par son décedz. Pour ledit office avoir de raison exercer, jouir par ledit Pierre Fontaine aux honoraires auctorisez, prérogative permanente, franchises, droictz, fruictz, proffitz et émoluments audit office, semblable qu'en a joui ledit Jehan Fontaine deffunct son frère tant qu'il nous plaira. Sy donnant mandement au juge des chasses en la forest et gruerye de Séquigny à Montlhéry en son continuant qui luy estant apparu des bonne vie et religion catholique apostolique et romaine dudit Pierre Fontaine… En témoin de quoy nous avons signé ces présentes et à icelles faict mettre nostre scel. Données à Chambord le deuxième jour d'octobre mil six cens quarante un, signé Gaston  ».

 

 

Registre de la capitainerie des chasses (1642)

Le registre du greffe de la capitainerie des chasses de Séquigny est intéressant à plus d'un titre. Nous avons connaissance des mœurs cynégétique du XVIIe siècle. Bien que la capitainerie de Montlhéry soit placée sous l'autorité de Gaston d'Orléans qui y nomme les officiers, elle continuait de faire partie des «  plaisirs du Roy  ». Rappelons que les offices de garde-chasse créés par Charles VI étaient très prisés sous l'Ancien régime. Dans son ordonnance des Eaux et Forêts de 1516, François 1 er avait créé les fameuses capitaineries dont Saint-Germain-en-Laye, Fontainebleau, etc., en justifiant le privilège du droit de chasse. Dans ce chapitre nous donnons quelques procès-verbaux dressés en 1642.

Du vingt unième jour de janvier mil six cens quarante deux, le siège tenant en l'auditoire et siège royal de Montlhéry par Jehan Bagereau seigneur conseiller du Roy, lieutenant de la cappitainerye des chasses. « Lettre au procureur du Roy que Monsieur le Grand Veneur a encore pris deux cerfs en ladicte forest et que le lieutenant de son altesse a aussy couru en icelle et pris deux cerfs comme aussy le sieur de Sonnevay a couru ce jour de mardy et a pris un cerf, que les 14 et 18 de ce mois, il a couru aux boys de Marcoussis et pris deux cerfs ».

Du lundy troisième jour de février mil six cens quarante deux, le siège tenant à Montlhéry. « Lettre au procureur du Roy de ce que Chonnoy, Garil et Solliot ont rapporté que Monsieur de Sonnevay a couru les jours de 14 et 21 janvier dernier en la forest de Séquigny et pris deux cerfs. … domestique du sieur Degorry, assigné la Fontaine pour l'avoir trouvé dans les boys appelez Farfeuille proche la Bretonnière garny d'une harquebuse à rouir qui salloit mettre un affut, duquel énonça audict Degarry signifia à son domestique d'aller à la chasse ».

Du lundy dixième jour de mars mil six cens quarante deux, le siège tenant en l'auditoire au siège royal de Montlhéry. « Au procureur de Roy demandons comme le sieur de la Faudrière assigné par Chonnoy, garde à pied, pour l'avoir trouvé dans la forest le 24e jour de febvrier dernier accompagné d'un autre homme vestu de coulleur grise que ledict sieur de La Faudrière dixt a icelluy Chonnoy estre son homme, lesquelz estoient dans chacun un chesne garnis de chacun un fusil et mardy dernier trouvé aussy ledict Firmain icelluy sieur de La Faudrière accompagné de Charles Demartine sieur en partye du Perray et deux autres hommes qui tous quatre avoient un grand fusil suivis d'un laquet vestu de gris.. et sortant de la forest et chassaient dans la plaine proche icelle et leur ayant dist par ledict Chonnoy qu'ils abusaient des plaisirs du Roy, fut répliqué par ledict Demartine qu'ils ne s'en souvient poinct. Nous avons contre lesdicts sieur de La Faudrière, du Perray et deux autres hommes, donné et donnons deffault par vertu duquel disont qu'ilz seront assignez ledict sieur de La Faudrière en sa maison à la Gilquinière pour répondre aux constitutions du procureur du Roy. Quy armant contre le jardinier de la Gilquinière appartenant au sieur de La Faudrière assigné par ledit Chonnoy pour l'avoir trouvé le jour de sabmedy premier de ce moys au soir dans la forest un affust garny d'un grand fusil et l'ayant approché par ledict Firmain pour luy saisir son fusil luy dist que ledict sieur de La Faudrière son maître estoit aussy en affust dans ladicte forest, et au mesme temps ledict Chonnoy aperçut deux hommes aussy garnis de chacun un fusil lesquelz descendant de leur arbre et s'enfuyant au travers du boys ne put les recongnoître. Nous avons contre ledict jardinier non comparant donné et donnons deffault par vertu duquel disons qu'il sera pris au corps. Lettre au procureur de Roy du rapport présentement faict par Michel garde à pied que le 28e febvrier et 3e du présent moys Monseigneur le Grand Veneur a couru dans les boys de Marcoussis avecq ? et ont pris troys cerfs ».

Du lundy vingt quatrième jour de mars mil six cens quarante deux, le siège tenant à Montlhéry. « Lettre au procureur de Roy du rapport faict par Chonnoy et Garil gardes à pied que Monsieur de Sonnevay a couru avecq ses frères condhuictz par le sieur de Pivirnay et pris un daguin dans la forest de Séquigny et treizième de ce moys. Au procureur de Roy demandons contre Estienne Regnault jardinier deffendeur par maître Louis Lhéritier ay d'abondant Labat garde à cheval qui a affirmé son rapport contre visite. Mesme ledict Regnault l'avoit confié un jour tirant son fusil bandé quoy que vuide, ce que du venant ledict Reganult, jardinier, a esté saisy de harquebuze. Disons que deffaults sont faict audict Regnault jardinier de porter l'arquebuze pour icelle saisye, acquise et confisquée au profit du garde vu à l'esgard aussy par luy saisir seront mis au greffe ».

Du vingt sixième jour de mars mil six cens quarante deux à l'extraordinaire. « Au procureur du Roy demandons contre Ollivier de Jouy dit la Garenne, garçon faucheur demeurant à Longpont assigné à ce jour par Chonnoy et Jouanne sur leur rapport qu'ilz font que le jour d'hier feste de Nostre dame sur les cinq à six heures de relevée, estant au droict de leurs charges dans le forest à la querie de Longpont, j'ay entendu l'aboit d'un chien, dans les boys de Longpont ou j'ay courant trouvant ledict de Jouy garny d'une harquebuse à fusil qui fassoit avecq un chien l'ayant abordé luy osta son harquebuse et luy donnant assignation à ce jourd'huy pardevant nous, laquelle assignation j'ay, parlant à sa personne contre ledict de Jouy non comparu avons donné et donnons déffault par vertu duquel disons que au principal ledict de Jouy sera pris et admis en prison de ceste chastellenie pour estre oui et interrogé sur la demande des conclusions dudict procureur du Roy qu'il voudra prendre et requérir de luy… ladicte harquebuze confisquée au profit des dictz Chonnoy et Jouanne avecq deffault à eux deux ».

Du lundy quatorzième jour d'apvril mil six cens quarante deux à Montlhéry. « Lettre au procureur du Roy du rapport faict par La Fontaine, Firmain, Garil et Solliot que le lundy dernier jour de Marie d'avril passés Monseigneur le prince, Messieurs d'Angoulême et de Sonnevay ont couru avecq leurs chiens et pris un cerf dans la forêt de Séquigny qui portoit six comme aussy le jeudy troisième du présent moys comme a pris un cerf qui portoit dix malsernes ».

Du lundy cinquième jour de may mil six cens quarante deux. «  Le procureur du Roy demandeur contre Messire Chartier présent assigné par Michel et Filon pour l'avoir trouvé en affutz monté dans un chesne avecq un fusil deffault sera re-assigné  ».

Du lundy seizième jour de juing mil six cens quarante deux le siège tenant en l'auditoire et siège royal de Montlhéry. «  Nous avons donné lettres au procureur du Roy de ce que Lafontaine, Garil, Fermin, Solliot et Jouanne garde à pied en la chastellenye de Montlhéry, forest de Séquigny, ont rapporté qu les chiens de Monseigneur le duc d'Angoulême et ceux de Monsieur de Sonnevay ont couru les 11, 19 jours de may et ont péri quatre cerfs qui ont été courus en ladite forest  ». Le même jour : «  Le procureur du Roy contre ledit Mahon deffendeur présenté par Le Mareschal son procureur pour estre faict contravention 60 sols d'amende pour le sallaire de Chonnoy et Jouanne gardes sui l'ont assigné  ». Puis, le même jour :  «  Le procureur du Roy quy demande contre le nommé Lagrille marchand à Viry assigné par Soliau pour avoir trouvé le 14 e de ce mois, les chiens dudit Lagrille chassant prosche de la forêts contre lequel Lagrille non comparant un procureur par luy, avons donné deffault ».

 

 

Le registre de la capitainerie (juillet 1642)

Du mardy huictième jour de juillet mil six cens quarante deux à Morsang-sur-Orge. « Le procureur du Roy demandeur contre Annise Gourriau, vigneron demeurant à Villemoisson assigné sur deffault par Chonnoy sur le rapport de Jouanne pour avoir esté trouvé vu du jour d'hier avec son chien de chasser… a esté condampné en souze sols parisis d'amende pour le sallaire desdicts Jouanne et Chonnoy ».

« Nous avons donné au procureur du Roy du rapport qui a esté faict par Jouanne garde à pied de ceste cappitainerye que le sieur de Guirrilly, capitaine de la vennerye pour Linois que le deuxième jour du présent mois en la forest de Séquigny où il prit cent lapins de deux ans avecq troys marcassins ».

« Nous avons donné lettres au procureur du Roy du rapport présentement faict par Chonnoy, Garil et Jouanne, gardes à pied en ladicte capitainerye, que le nommé Gautier vallet de Bruyères, le nommé Anthoine vallet de Linois et autres officiers de la vennerye pour Linas comme aussy le vallet de chambre du Sieur de Quinilly, cappitaine de ladite vennerye sont journellement du soir et du matin dedans la forêt de Séquigny et autres lieux ou ils portent l'arquebuze et se mettent un affut et tirant ainsy que bon leur semble mesprisant les remontrances que les gardes leur ont faictes, du désordre qu'ils commettent et disant qu'ils chasseront lesquels ne craignant personne et tirant sur le gibier tant qu'ils pouvoient. Ce fut faict et donné par Jehan Begeviau escuyer seigneur de Sivoulles, conseiller du Roy, lieutenant de ladicte cappitainerye des chasses de la chastellenye des Montlhéry, forest de Séquigny, butte de Bruyères, Olainville, boys de Marcoussis et ce qui en deppend, tenant le siège audit lieu de Morsang-sur-Orge lesdits jour et an que dessus ».

Du lundy vingt ung le siège coutumier à quinzaine audit lieu de Montlhéry. « Du mercredy dixième juillet 1642. Aujourd'huy datté des présentes est comparu au greffe de la cappitainerye des chasses de la chastellenye de Montlhéry, forest de Séquigny, butte de Bruyères, Ollainville, boys de Marcoussis et ce qui en deppend, Estienne Filon garde à pied en charge au village de Marcoussis , lequel a dict et déclaré que le jourd'hier sur les huict à neuf heures du soir, il trouva dans les boys dits les boys au dessus de la maison des Célestins, Jehan Bourré menuisier demeurant au service du sieur de Crumille avecq deux autres garnis de chacun un fusil qui estoient en affut tirant deux coups et l'un desquels il courut avecq le nommé Thomas Poullier fermier du Déluge en allant audict entendu brousser dans ledit corps une grosse beste, estant partant audict Bourré luy remontrant leur entreprise que les deux autres de sa compagnie faisoient sur les plaisirs du Roy, il luy dict et fist réponse qu'il avoit tiré sur un bléreau et voyant que la nuict était arrivée luy Filon se retira et le lendemain se transporta sur les troys heures au mesme endroit où l'on avoit tiré et où il recognu troys placets proche l'un de l'autre où il estoit abattu une grosse beste cerf ou biche desdicts troys placets estant pleins de sang, ledit Bourré vint aussy au bord du boys et vestige d'une charrette où l'on avoit chargé ladicte biche, c'est tout ce qu'il a dict et déclaré ne sçavoir ».

 

 

Le registre de la capitainerie (août 1642)

Du lundy dix-huictième jour d'aoust mil six cens quarante deux, le siège tenant en l'auditoire et siège royal de Montlhéry. « Lettre au procureur du Roy de ce que Chonnoy, Garil et Jouanne ont rapporté que le 23ème jour de juillet, le sieur de Sonnevay couru un cerf au boys de Saincte-Geneviève proche la justice qui fut pris dans la forest de Séquigny proche la Croix des Routtes ».

Du procureur du Roy demandeur contre Pierre Chapelain demeurant à Bondoufle sur la plainte par Gourdon, disons que ledit Gourdon faict comparoir sa partie, a porter la crosse de son harquebuze brizée sur luy. Luy, demandeur contre Françoys Dusuir demeurant à Linois assigné par Jouanne pour avoir trouvé le chien dudit Dusuir à la campagne, deffault donné audit Dusuir de mener son chien à la campagne. Luy, demandeur contre Jean Créty et son berger, assignés sur le rapport de Jouanne assignez à quinzaine. Luy, demandeur contre le gendre de Jean Vuinru berger demeurant à Grigny, deffault sera assigné à quinzaine. Luy, demandeur contre Marin Allain et son berger assignez par Jouanne sur le rapport de Chonnoy pour avoir trouvé les chiens dudit berger qui chassoient dans la forest, deffaults seront assignez. Luy, demandeur contre Françoys Fauchon demeurant Juvisy assignez Chonnoy, Gareau et Jouanne gardes qui ont trouvé ledit Fauchon suivy d'un grand chien matin, deffault sera assigné.

Du mercredy vingtième jour d'aoust mil six cens quarante deulx. « Aujourd'huy datté présentes lettres est comparu au greffe de ladicte cappitainerye des chasses Michel Solliau garde à pied en ladicte cappitainerye des chasses, lequel a dict et rapporté que le jour de vendredy dernier feste de Nostre Dame, estant au droict de sa charge fist rencontre de sept hommes tous garnis de chacun un fusil qui chassaient autour de la forest de Séquigny du costé du Perray et Villemoisson avecq quatre chiens bassets et espagnaus entre lesquels hommes il recognut les deux fils du sieur Poulit, advocat au Parlement à Paris, son nepveu demourant en sa maison et le nommé Dupuis, fils de la demoiselle Dupuis, auxquels icelluy Solliot dict qu'il feroit son rapport qu'ils faisoient sur les plaisirs du Roy, et a signé ».

 

 

Registre de la capitainerie (septembre 1642)

Du lundy premier jour de septembre mil six cens quarante deux. « Au procureur du Roy demandeur contre Pierre Chapilain demourant à Bondoufle présent en personne assigné Chonnoy et Jouanne suivant que ledict Chapilain va ordinairement à la chasse et de ce qu'ils ont pris et saisy l'arquebuze dudict Chapilain, après avoir ouï ledict Chapilain qui a recognu qu'il y a quelque temps estant à l'affut sur le bord du boys proche le moulin à luy baillé, le nommé Godiau dict la Sainberge qui estoit aussy en affut, le prenant pour quelque beste fauve ou sauvage, luy tira un coup de harquebuze. Ouï le procureur du Roy en ses conclusions luy avons faict deffault de porter aucune harquebuze et pour celle sur luy saisie acquise et confisquée et icelle vendre et les deniers en a promettant baillé aux gardes ».

Le même jour, le procureur du Roy prononce plusieurs sentences. Jean Créty, à cause que son «  valet de cour qui gardoit son troupeau  » avait laisser ses chiens dans la forêt est condamné à une amende de 40 sols. Florent Pipard berger demeurant à Grigny est condamné à payer une amende de vingt sols. Marin Allain est condamné à payer 48 sols destinés au sallaire des gardes.

 

 

Du vendredy cinquième jour de septembre mil six cens quarante deux, à l'extraordinaire. « Au procureur du Roy, demandeur, contre Pierre Fournier serviteur domestique de noble homme Françoys Croisil, beau-père de Monsieur le lieutenant criminel de robe courte, assigné ce jourd'huy et heure sur le rapport contre ledict Fournier faict par Chonnoy et Jouanne gardes à pied pour l'avoir trouvé ce jour de hier cinq ou six heures de relevée dans le boys des Roches en affaut perché dans un chesne garny d'une arquebuze fuzil de quatre pieds de canon ou environ qu'ils ostoient audict Fournier. Ledict Fournier présent en personne comparant par maistre Louis Divry son procureur après aboir cy ledict Fournier par serment qui a recognu le rapport contre luy faict véritable et que c'est la seule foys qu'il a esté à l'affut dans les plaisirs du Roy. Or pareillement ledict Croisil présent qui a dict qu'il desadvouoit ledict Fournier et luy a absolument défendu ensemble cy le procureur du Roy en ses conclusions, disons que deffault sont faictes audict Fournier de porter ny tirer arquebuze dans les plaisirs du Roy soubz peine de punition exemplaire et pour ceste fois l'arquebuze acquise et confisquée au profit des gardes. Signé Lhéritier ».

Du dixième jour de septembre mil six cens quarante deux. « Aujourd'huy datté des présentes est comparu au greffe de la dicte capitainerye des chasses Estienne Filon dict le Cadet garde à pied de la dicte cappitainerye résidant à Marcoussis lequel a dict et rapporté que le jour d'hier six heures de rellevée estant au debuoir de sa charge au dessus du chasteau dudict Marcoussis aux boys des Buys, entrant dans ledict boys survenus à luy troys hommes garnis d'arquebuzes qui le surprirent jeter sur luy le frappant à coups de pieds et poings, luy ostant l'arquebuze qu'il porte pour sa sûreté l'un desquels hommes est le page du sire de Leuville, un autre le nommé Chaupacques son sommelier, il y en avoit encore un dans un chesne ; lequel page méprisant la quajacque dudict Filon des culvert du Roy, le couchant en joue disant qu'il falloit que le tuas qu'il estoit bien hardy de rompre leur affut de faire des rapportz contre eux, qu'il les voulloit empescher de chasser, mais qu'ilz chasseroient et iroient à l'affut, firent retirer ledict Filon en le menaçant emportant son harquebuze, dict ledict Filon qu'ilz ont faict ceste action au contant du rapport qu'il a faict contre les domestiques dudict sieur de Leuville le dixième juillet dernier duquel rapport et plainte cy dessus il a requis lettre à luy octroyé, le présent an et jour que dessus ».

Du mardy vingt-troisième jour de septembre mil six cens quarante deux, le siège tenant à Villemoisson. « Sur le requeste faicte par le procureur du Roy par laquelle il promis à remontrer que tenant présentement à Morsang et au lieu de Villemoisson, assisté de Frenancourt garde à cheval en ceste cappitainerye. Ilz ont veu deux hommes garnis chacun une harquebuze luy desquels chassoit avecq chien dans les terres du costé des prez proche la cure de Villemoisson, lequel homme ledict Frenancourt c'est acheminé, en voyant qu'il étoit proche de luy, il luy a remontré leur entreprise qu'il faisoit sur les plaisirs du Roy, à quoy ledict homme a faict réponse qu'il avoit pouvoir des chasses et chassoit sur ses terres, voullant ledict Fornancourt aller sur luy pour se saisir de son harquebuze attendu que s'il n'a pouvoir de chasser audict lieu, ledict homme s'est retiré, deux ou troys pas jurant et blasphémant le sainct nom de Dieu que s'il l'approchoit il luy donneroit de son harquebuze dans le ventre nonobstant les couleurs qu'il avoit et pour ces affaires le coucher un jour. Ce que voyant l'autre harquebuzier qui estoit éloigné de quelques cinquante pas est accouru à nous et audict Fornancourt jurant et blasphémant le sainct nom de Dieu que cy nous ne quittions point ils nous mettroient la sevouille ( ?) au vent. Et à l'instant avons recognu par leur discours qu'ilz estoient tous deux enfants de maistre Jacques Cholet, advocat au Parlement, et l'ont mesme recognu. Nous requérant lesdictz deux harquebuziers estoient pris et appréhendez pour répondre sur le contenu cy dessus et autant conclusions qu'il voudra prendre à l'encontre d'eux. Par quoy nous disons ayant esgard aux circonstances cy dessus que lesdictz deux harquebuziers filz dudict Cholet seront pris et appréhendez au corps à admettre en prison de ceste cappitaynerie pour estre après interroger sur le contenu cy dessus et répondre aux conclusions que ledict procureur du Roy voudra prendre contre eux et ou pris et appréhendez ne pouront estre assignez à troys jours ».

À suivre…

 

 

Notes

(1) BNF (N681). Documents concernant les forêts et chasses, principalement dans la capitainerie de Montlhéry et la gruerie de Séquigny . II Pièces originales, mss. et impr . (1583-1709).

(2) Le garde-marteau est l'officier des Eaux et Forêts dépositaire du marteau permettant de marquer les arbres à abattre. Cette fonction et les prérogatives furent règlementées par l'Ordonnance de 1669.

 

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