La seigneurie de Soucy 1745-1789 |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _----------------------------------_--Avril 2012 Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse http://julienchristian.perso.sfr.fr Extrait de plan napoléonien.JP Dagnot
Cette chronique est le sixième volet de l'histoire de cette seigneurie qui fut possédée par la famille de Ficte pendant plus d'un siècle. Une autre famille, les Haudry, va également laisser son empreinte dans la région et notamment au château de Soucy. Une chronique spécifique à la famille Haudry sera prochainement présentée par Pascal Herbert.
Banqueroute de Jacques Simmonet Dans la précédente chronique nous avions laissé le nouveau seigneur de Soucy présenter ses hommages à ses suzerains religieux. Le nouvel arrivant semble avoir les mêmes problèmes que son prédécesseur. En effet, en 1743, devant les dettes accumulées par Jacques Simmonet, ses créanciers se réunissent et forment un contrat d'union de créanciers: La quinzaine suivante, une sentence aux requestes du palais oblige les titulaires de charges envers Simonnet à verser au syndic des créanciers les sommes qu'ils doivent. En août, extrait du premier cahier de dépôt de deniers constitué par les créanciers Simmonet, deux locataires des maisons parisiennes, un marchand et un aubergiste, lesquels en conséquence de la signification faite le 31 juillet dernier à la requeste des créanciers, d'une sentence rendue le 20 juillet, portant homologation du contrat entre Simmonet & ses créanciers, déposent leur loyer de locataire de Simmonet. Ce cahier enregistre toutes les sommes dues au couple qui sont versées au notaire qui agit comme séquestre. Dans la foulée en août, l'abandonnement général de tous leurs biens par les sieurs et dame Simonnet, meubles immeubles est entériné. L'assemblée des créanciers du sieur Jacques Simonnet, ..., A été dit par ledit Simonnet au sujet de difficultés qui se rencontrent, homologué par simple contrat passé entre luy & ses créanciers le 5 juillet, que pour assurer ses créanciers de sa bonne foy, il consentait de se déssaisir entre leurs mains de tous ses biens meubles & immeubles à l'effet d'estre vendus et le prix distribué aux débiteurs à condition qu'il ne sera procédé à la vente de l'office de secrétaire du roy qu'après celle de tous les autres biens, et même, pour pourvoir à sa subsistance & celle de sa femme, il les priait de conserver son office... Le sieur Simmonet apportera tous les titres de propriété relatifs à son contrat d'abandon. Le notaire sera séquestre des sommes obtenues. Les créanciers acceptent de laisser jouir Simmonet des revenus de son office de secrétaire tant qu'il ne sera pas vendu. À la fin de l'acte, un état en bref du mobilier étant dans le château de Soucy: Le mois suivant, un vassal se présente à Soucy: messire Joseph Simon Delaistre, ...., ancien secrétaire ordinaire du conseil d'état, direction et finance, seigneur comte de Fontenay, ce jour en son chateau de Fontenay, lequel se transporte au château seigneurial de Soucy, en état de vassal demande le seigneur de Soucy, ou un personne autorisée pour recevoir ladite foy et hommage, en l'absence du seigneur de Soucy qui n'est presque plus à sa terre de Soucy, ..., il se présente devant la principale porte et entrée dudit château et fait constater par le greffier de la justice dudit Soucy... il s'agit de l'hommage du fief de Bois Madame, acquis à Jean Louis de Bullion. Suit l'aveu à Jacques Simmonet, seigneur de Soucy, pour le Bois Madame consistant en 34 arpens de bois. En février 1744, des lettres patentes du roy attribuent les biens Simonnet aux créanciers. Le directeur de ces derniers déclare:
Affiche de la vente de Soucy.
- est prévu un engagement de devis pour la réparation de deux maisons rue de Bièvres, En juillet 1744, une visite d'experts est consignée sur un registre pour visite et état de terre de Soucy à la requête des créanciers Simonnet. Apparemment, la visite ne s'est pas faite à cette date, et pour l'instant ce document n'a pas encore été retrouvé. Néanmoins un imprimé a dû être conçu avec le rapport de ces experts. Son intitulé: mémoire instructif sur l'état & revenu de la terre de Soucy sous Bruis & fief Quincampoix, A VENDRE Le début du texte situe le bien. Cette terre est à 7 à 8 lieues de Paris, deux de Montlhéry, on passe par la route d'Orléans jusqu'à Linas, ensuite on gagne le chemin de Bruyères, sur une rue pavée, puis un petit bout de chemin en sable qui se raffermit par les pluyes. La terre relève pour les sept huitièmes du roi et le reste des dames de la Saussaye, du seigneur de Fontenay et de celui de Bruyères. En juillet 1745, une délibération des créanciers organise la vente de la terre de Soucy ...
André Haudry seigneur de Soucy En décembre 1745, les directeurs des créanciers adjugent ladite terre de Soucy à maistre Bernard, plus haut enchérisseur moyennant la somme de 183.000 livres: Début 1746, l'adjudication du mois précédent est officiellement entérinée. Nicolas Verzure, écuyer, secrétaire du roy demeurant rue Mauconseil paroisse Saint-Eustache, Pierre Massé, marchand jouaillier demeurant quai de Morfondu paroisse st Barthelemy, et François Vandive négotiant, demeurant place Dauphine même paroisse; tous trois créanciers et directeurs des droits des autres créanciers de Jacques Edmé Simonnet, écuyer, secrétaire du roy, seigneur de Soucy, & dame Marguerite Denise de Saint Bonnet, lesquels rappellent la chronologie des faits depuis juillet 1743, adjugent au sieur Haudry demeurant à Paris, rue Plastrière, paroisse Saint Eustache, la terre et seigneurie de Soucy , paroisse de Fontenay sous Bruys, consistant en: Rien de spécial jusqu'en 1748, André Haudry écuyer, ... , seigneur de la baronnie et chatellenie de Soucy, Quincampoix, Muleron, demeurant à Paris, rue Plastrière, paroisse saint-Eustache, s'est transporté en la maison du sieur Eustache Gobereau, bourgeois de Paris, intendant des dames de la Saulsaye les Villejuif, ... dépositaires de la terre et seigneurie des Grand et Petit Vaux sur l'Yvette, conjointement avec le seigneur de Fontenay, pour le paiement de 1.678 lt pour droit de quint. Haudry déclare : Le fermier général pour apurer les éventuelles créances sur Soucy fera faire en 1753, une adjudication par décret de son acquisition.
André Haudry Généalogie simplifiée des Haudry.
André Haudry et Françoise Dantan.
André Haudry est veuf de Françoise Dantan depuis 1743. En 1750, il marie sa fille Elizabeth, avec Jean-Baptiste de Monthulé. Jean Baptiste de Monthullé, chevalier, seigneur baron de Saint-Port d'une part & André Haudry, écuier, secrétaire du roy, l'un de ses fermiers généraux stipulant pour sa fille Elizabeth et de feu Françoise Dantan, ladite demeurant avec son père rue Plastrière paroisse Saint-Eustache d'autre part... Monthulé apporte le tiers des biens venant de la succession de sa mère et 365.000 livres. André Haudry apporte 400.000 livres dont une partie en avance d'hoirie. L'année suivante, Laurent Haudry, fils aîné du fermier général, rédige son testament, malade dans son corps, dans son lit en la maison de son père: Le château de Soucy devient une résidence secondaire de qualité dans la région. Le fermier général achète la seigneurie de Fontenay en 1751. Il obtient en général ce qu'il désire, ainsi en 1753, l'archevêque de Paris lui permet de célébrer un mariage en la chapelle de Soucy. Je soussigné, prêtre de Saint Sauveur, ai fiancé et marié, François Noel Haudry, directeur des aydes, fils majeur de François Haudry, receveur des gabelles d'Abbeville… et de Marie Antoinette Tétard… Notre fermier général est l'oncle de François Noel Haudry. La générosité de cet homme se voit par les écrits de Colin, curé de Fontenay:
André Pierre Haudry et Justine Payneau.
C'est à cette époque qu'il acquiert ses titres de noblesse. Nous arrivons en 1763, André Haudry marie son fils André Pierre avec Justine Victoire Payneau. Le document est mentionné sur le répertoire du notaire mais existe-t-il ? En effet, suite à la faillite d'André Pierre, les documents concernant cette famille ont tous été retirés des liasses de ce notaire. André Haudry vieillit, âgé de 76 ans, il achète la terre et seigneurie de Janvry et la même semaine rédige son testament. Ce dernier, comme il vient d'être dit est absent des liasses du notaire. Une chance pour nous, il a été retranscrit dans un registre de justice. Nous André Haudry, écuyer ...., ce que je peux faire de mieux pour conserver la paix dans ma famille, .... au nom du père, du fils, ... je recommande mon âme à Dieu ... Un manuscrit de la B.N. dit d'André Haudry " Il regrette beaucoup la mort de sa femme, car c'étoit un mariage le plus uni qui soit parmy les financiers qui donnent presques tous dans le goût d'avoir beaucoup de maitresses." En 1766, le seigneur de Soucy, André Haudry écuyer, secrétaire du roy, seigneur de Soucy, Fontenay, Janvry rend hommage du fief de la Brosse à Guillaume de Lamoignon. Fin 1769, André Haudry décède son testament est déposé et absent des minutes du notaire. Début 1770, il en est de même de son inventaire après décès.
Pierre tombale d'André de Soucy.Guilhermy qui a visité l'église de Fontenay après la Révolution cite: Un porche en charpente abritait une porte percée dans le mur méridional de l'église. On y voyait employée en dallage la tombe de messire André Haudry, écuyer, seigneur de Soucy, Fontenay, Janvry et autres lieux, secrétaire du roi et fermier général, mort à Paris en 1769, âgé de 81 ans, présenté à Saint-Eustache sa paroisse, et transporté ensuite à Fontenay. L'épitaphe rédigée en français; des ossements et une tête de mort couronnée de lauriers servait d'accessoire au texte. Cette pierre provient de la chapelle de Soucy si l'on se réfère au testament du défunt. Aujourd'hui, elle se trouve dans le cimetière de Fontenay et aurait besoin de quelques restaurations. À cette période, dans les mémoires de Madame Roland (1), nous trouvons Jean Baptiste Besnard régisseur du domaine de Soucy et sa femme Marie-Louise Rousset, grand-tante de cette dame. Ce couple l'avait accueili avec sa mère à Fontenay. Le vieil Haudry, artisan de sa fortune, était mort; il avait laissé de grands biens à un fils qui, né dans l'opulence, devait les dissiper. Ce fils, déjà veuf d'une femme charmante, faisait beaucoup de dépenses et passait, suivant l'usage des gens riches, quelques moments de l'année au château de Soucy, où se transportait avec lui la manière de vivre de la ville... Il y avait logé un notaire, un régisseur et il engagea Mr et Mme Besnard à y prendre un appartement où ils passassent une partie de la belle saison (appartement dans le château de Fontenay) ... Ses folies avec la courtisane Laguerre préparaient sa ruine (2) .
André Pierre Haudry En 1765, extrait du registre des baptêmes de la paroisse Saint-Eustache, notons la naissance d'André Haudry, fils d'André-Pierre et de Justine Victoire Payneau, le parrain Jean-Baptiste de Montullé, la marraine Adélaïde Payneau. Deux mois après de décès d'André Haudry a lieu le partage de la succession, entre André Pierre et sa soeur Elizabeth Françoise, seuls héritiers chacun par moitié du défunt leur père. Comme pour la plupart des documents, la minute est inexistante dans la liasse du minutier central. On peut penser que ses enfants s'en sont tenus à son testament. Certains documents de la famille Haudry ne les concernant pas directement ont été laissés dans les liasses, notamment les legs du père au personnel ainsi: À la même époque, il a quelques besoins de liquidités: André Pierre Haudry, écuyer seigneur de Soucy, Fontenay Janvry, l'un des fermiers généraux de sa majesté, demeurant à Paris rue du Boulois paroisse saint-Eustache, constitue à Jean Antoin Huet, bourgeois de Paris une rente 500 livres de rente au denier 20, sur ses meubles, moyennant 10.000 livres que ledit Haudry reconnait avoir reçu; ladite rente rachetable. La fin de l'acte est le remboursement en 1778. En 1779, nous voyons apparaître la manufacture de bas de Soucy: le sieur Jozein reconnait avoir en sa possession les métiers, ustanciles, approvissionnements pour 17.965 livres. André Pierre Haudry commence sa carrière de fermier général en tant qu'adjoint de 1756 à 1768 , puis de 1768 à 1781, comme fermier général . Une chronique spécifique sera consacrée d'une part à la vie locale à Fontenay et d'autre à la danseuse Marie Joséphine Laguerre qui a contribué à sa perte. Côté artistique, Haudry de Soucy était l'un des plus fermes soutiens du "concert des amateurs" qui se tint tous les mercredis à l'hôtel Soubise de 1770 à 1781. La ruine décrite ci dessous mit fin aux réunions de cette société, passionnée de musique, qui rétribuait les artistes par une souscription faite entre les associés. Sa bibliothèque à cette date comprenait 2470 volumes vendus en juillet. À Fontenay, le seigneur de Soucy possède un fief appelé Saint Mery. De cet état de fait, en 1779, il s'est présenté à Philippe de Noailles, duc de Mouchy, pour porter la foi et hommage de ce fief relevant du marquisat d'Arpajon... L'intérêt de cet acte est l'origine de propriété qui remonte jusqu'aux chanoines de Saint Mery au XVIe siècle. Signalons un des derniers actes du seigneur de Soucy en 1780, le bail de la ferme de Marivaux. Arrive l'année 1781. Il paroît constant que M. Haudry de Soucy, fermier général, fait une banqueroute décidée. Mlle Laguerre n'y a pas peu contribué, & n'a pas pris cet amant en traître. Elle lui a déclaré qu'elle ne lui donnait pas plus de deux ans; elle lui a dit que l'exemple du duc de Bouillon devait l'instruire. Il n'a pas voulu en profiter; elle a travaillé en conséquence; & quand il n'y eu plus rien à lui donner, elle le mit ensuite à la porte. Le détail de cet abandon volontaire est décrit dans un acte qui a dû servir de brouillon aux créanciers , et qui, de ce fait est resté dans les minutes. Ce document est consultable par dérogation vu son état, la couverture consiste en un vieux parchemin, et porte le titre abandonnement, union & délibérations, nous apprend ce qui suit: Mr Haudry explique que l'acquisition en 1772 d'une habitation considérable à Saint Domingue et les dépenses nécessaires pour la mettre en valeur, la guerre existant qui lui enlève l'espérance de retirer avant la paix le produit de cette habitation, et les dépenses dans ses terres et dans la maison qu'il occupe à Paris, lui ont fait contracter des engagements qu'il est dans l'impossibilité de répondre.
Isle à vache Saint-Domingue 1742 .Que ces circonstances connues, avec la majeure partie des créanciers, ont tellement altéré son crédit et par de l'emprunt, il a épuisé toutes ses ressources pour renouveler le bail des fermes générales, Depuis le mois de janvier dernier il s'est occupé du bien général de ses créanciers, mais ses créanciers notamment ceux qui lui ont prêté pour le bail des fermes ont réclamé leur payement. Qu'il a été formé une saisie réelle de ses immeubles et une saisie de ses meubles, ainsi qu'une demande en préférence au Châtelet, évoquée à la cour et actuellement pendante. Dans ces circonstances, le sieur Haudry pour satisfaire ses créanciers et les rendre arbitres de son sort propose de leur faire un abandonnement général & définitif de ses biens et de se réduire à une pension qu'ils voudront bien déterminer pour sa subsistance et celle de ses enfants. Les créanciers après avoir pris en considération la demande du sieur Haudry, ont reconnu que l'abandonnement qu'il propose et l'union des créanciers sont les seuls moyens pour conserver au sieur Haudry une partie de sa fortune. Ils arrêtent ce qui suit: - l'actif monte à 5.804.026 livres, - le passif à 6.344.038, - le sieur Haudry abandonne tous ses meubles, bijoux .... à Paris et à Soucy, et partout où il pourrait s'en trouver, - le sieur Haudry se réserve la moitié du bénéfice du bail des fermes générales. - Les créanciers percevront le revenu des terres de Janvry, Soucy, Fontenay, ..., Saint-Domingue - également le prix à provenir de la terre de Janvry, - également le prix de la maison qu'il occupe, - les revenus de Soucy, Fontenay tant qu'il aura droit d'en jouir sont grevé de substitution en faveur de son fils, - vente des parties libres à Soucy & Fontenay, - vente de son habitation à Chantilly en l'isle de Saint Domingue, nègres, bestiaux et ustancilles étant en ladite habitation. Après cet abandonnement le sieur Haudry requiert: - que les créanciers s'unissent entre eux pour agir en nom collectif, et faire cesser les poursuites engagées; - de renoncer à exercer des contraintes par corps contre lui; - de faire main levée des saisie entamées; - de lui accorder une pension sur le revenu de ses biens pour sa subsistance; - de gérer tout les biens et déposer en séquestre les revenus, - de faire régir et administrer l'habitation de saint Domingue, ..., vendre les marchandises, - de faire la vente des meubles de Paris et Soucy, de la maison de Paris, de la terre de Janvry et parties libres de Soucy, de l'habitation de Saint Domingue; Les créanciers s'unissent, renoncent à agir à titre particulier contre Haudry, ils nomment cinq sindics. Perier notaire conservera les actes. 1°) actif - Chantilly au fond de l'isle à vaches, sud de Saint Domingue, elle contient environ 800 arpents de terre et fut estimé par expert lors de l'adjudication en 1774 à 1.000.000 de livres, argent de France. Depuis les plantations de cannas ont été augmentées ainsi que le nombre des nègres, qui est de 240 têtes, le produit 1779 a été de 300.000, et sera porté à 500.000 d'ici deux à trois ans, le revenu sera de 150.000. Possibilité en augmentant les forces en bras de produire 900.000 de sucre. L'estimation supérieure à 1.200.000 livres 2°) Passif L'année 1781, verra: Notons la vente de Janvry par les créanciers en 1784 pour 450.000 livres En 1789, le notaire Périer prend sa retraite et c'est Lefèvre de Saint-Maur qui reprend l'étude et la tenue du séquestre. À suivre...
Notes (1) Mémoires de Madame Roland publié par C.Perroult 1905. (2) Aventurières et courtisanes par Roger de Beauvoir 1880. Ces sujets peuvent être reproduits " GRATUITEMENT" avec mention des auteurs et autorisation écrite |