La maison dite de Sully aux Molières |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _-----ajout octobre 2015-----novembre 2012
Extrait un plan terrier du XVIIIe siècle.
JP. Dagnot
Cette chronique se propose de narrer l'histoire d'une maison contiguë à l'hôtel seigneurial jusqu'au début du XVIIe siècle, puis à la grande ferme de Janvry dépendant du comté de Limours jusqu'à la Révolution. Ce changement d'appellation en raison de la disparition des seigneurs des Molières du fait du rattachement de la haute moyenne et basse justice au comté de Limours. Egalement l'histoire de la petite ferme des Molières sera insérée dans cette chronique.
La maison au XVIIe siècle Le curé Guérin aurait acheté la maison en 1620 et l'aurait revendu à un sieur Petit... Pour vérifier cette affirmation, analysons les registres paroissiaux des Molières et notamment les actes où apparaît le nom du curé:
Revenons à l'année 1600, le second mari de Sydonie Dupuis, veuve de Guillaume de la Rochette est procureur de Jehanne Le Prévost seconde femme de feu Jehan de la Rochette. Pour estre agreable, il a vendu à Loyse Bergeron, femme séparée de Jacques de la Rochette escuyer seigneur des Molières c'est assavoir, une maison à deulx estages, de fond en comble avecq ung aultre espace de maison joignant contre ladite maison avecq une cave dessous, le tout couvert de thuille, ung espasse de granche, ung fournil estant dedans ladite cour, une vollière au dessus de la porte dudit lieu, deulx petites espasses assis près ladite porte de ladite court, clos de clostures, au lieu qui fut à Damoiselle Leprevost et aux hoirs de Pierre Thesard, d'autre aux hoirs de feu Vincent Dupond, d'autre part les terres de la seigneurie des Molières, d'ung bout à la muraille et clostures nouvellement faictes du bourg des Mollières d'autre bout au chemin qui tend de ...? La vente faicte moyennant la somme de 160 escus dor sol que ladite damoiselle Bergeon a présentement payé. Il est peu probable que ce soit la maison qui nous intéresse mais elle se trouve à l'intérieur du bourg.
Vue de la maison (2012 journée du patrimoine).
La maison aux Petit Notons en 1669, l'intitulé d'une rente de trois livres, crée par le sieur Guérin prestre curé pour l'oeuvre et fabrique des Molières par Musset tabellion royal aux Molières.. Premier acte trouvé pour cette maison, en 1674, Messire Louis Guérin, prestre cy devant curé de la paroisse des Molières, y demeurant, vend à François Petit, barbier des quatre premiers gentilhommes de la chambre du roy et porte manteau de la Reyne, bourgeois de Paris: Dans la quinzaine suivant l'acquisition, une procédure est entamée au Châtelet de Paris: Anthoine Dammarron maître apothicaire réclame une somme de 600 livres tournois, hypothéquant le bien acquis. La procédure habituelle commence, un huissier porte un exploit de commandement de payer au sieur Petit, ce dernier refuse, les biens sont saisis,... quatre criées sont prévues, ... à l'issue de la messe, au devant de la grande porte de l'église Sainte-Marie-Magdeleine des Mollières, ..., pose d'affiches et panonceaux contre la grande porte de l'église des Molières, également à celle de Limours, contre le pillier des halles de Limours, ..., une deuxième campagne d'affichage à partir d'octobre 1674 , cette fois contre la porte de ladite maison aux Molières, également aux lieux précédemment cités, ..., finalement la maison et les terres sont adjugées au procureur de François Petit pour 3.000 livres. Nous sommes alors en septembre 1675. Lors de cette saisie on apprend également que deux rentes sont dues à l'église des Molières et probablement passées en l'étude de Limours (dont les minutes viennent enfin d'arriver à Chamarande et qui ne seront disponibles que début 2013).
Vingt ans passent, une acquisition est faite par François Petit, greffier en la chambre des comptes et contrôleur de la signature en chef du Châtelet. Il acquiert la maison à Jacques François Petit barbier, porte manteau de la feue reine, bourgeois de Paris et Souveraine Jomelin sa femme. La vente est rédigée par devant Benoist et Leroy l'aîné; la recherche de l'acte faite dans quatre études parisiennes est restée vaine. Les deux Petit sont-ils de la même famille? Dès l'acquisition, un sieur Tardiveau, réclame 500 livres. Sa plainte enregistrée au Châtelet de Paris. Cinq mois plus tard, un premier document résume la chronologie: à la requeste de François Tardiveau, advocat et greffier en chef du Chastelet de Paris, Jacques Gohier, huissier, fait commandement à Mr François Petit, greffier en la chambre des comptes et controleur en chef dudit Chatelet, en son domicile, rue Vieille du Temple, paroisse Saint-Paul, demandant de payer au sieur Tardiveau la somme de 500 livres , lequel sieur Petit refusant, l'huissier dit qu'il se pourvoira contre luy par saisie réelle de ses biens meubles et immeubles. De fait, par vertu dicelle obligation, on fust au bourg des Mollières, en la maison presbytéralle pour satisfaire à l'ordonnance, nous sommes transportés au-dedans d'une maison à porte cochère scize aux Molières (prendre la déclaration sur la saisie) sans aucune chose en excepter, ledit huissier auroit fait saisir et mettre en la main du roy les fonds et tréfonds et propriété d'iceux sur le sieur Petit, ..., laquelle signifiée le 27 juillet 1696, par ledit Gohier audit Petit, ..., disant que le 29 juillet il serait proccédé à la première des quatre criées… affiches au devant de la principale porte et entrée de l'église paroissiale Sainte Marie Madeleine dudit lieu des Molières,..., apposé affiche et panonceaux au châtelet de paris, au faubourg saint-Jacques par lequel on va aux Molières, à l'orme du carrefour qui est devant icelle église, à la porte de Paris, suivent les quatre criées, ..., pour estre adjugé le 9 mars 1697 au procureur du sieur Petit moiennant la somme de 2.200 livres .
La maison au XVIIIe siècle François Petit va construire attenant ladite maison un bastiment consistant en une petite salle et une petite chambre par bas, un petit cabinet sur la montée, au premier une chambre deux cabinets et une garde robbe, au second construit en mansarde, une chambre et deux cabinets. Sa fille Marie Anne hérite comme seule et unique héritière de son père, comme l'atteste un acte de notoriété en 1731. Notons la présence de Marie Anne Petit aux Molières lors d'un baptême en 1713, fille de Mr Petit greffier en la chambre des comptes. Deux ans après, Marie Anne Petit, fille majeure, demeurant à Paris, rue du petit Muse, paroisse Saint-Paul, laquelle a vendu à Nicolas Joseph Muret, bourgeois de Paris, et Catherine Duvant son épouse, demeurant rue neuve paroisse Saint-Paul, une maison de fond en comble, à porte cochère scize au bourg des Molières consistant en : Trois ans après la propriété change encore de mains: Nicolas Joseph Muret, bourgeois de Paris, y demeurant rue neuve paroisse Saint-Paul, lequel par ces présentes a vendu à dame Jeanne Magot, veuve de Claude Perrin de la Balme, aquéreuse, une maison de fond en comble, à porte cochère, au bourg des Mollières consistante en : En 1720, Catherine Juillet, épouse de Louis Anne de Nesle, héritier de son père Rémy de Nesle, également héritier d'Hélène Gondi sa mère, laquelle baille à titre de loyer et prix d'argent pour neuf années à Agnès Lecocq, veuve de Rémy de Nesles, une maison couremment appelée la petite ferme des Molières avec les bastimens cour jardin et un petit bois derrière, ce bail fait moyennant 40 livres de loyer, Quel est le problème attaché à ce lieu? De nouveau en 1741, la veuve revend la propriété:
Jeanne Magot ve Claude Perrin de la Balme, écuyer major d'infanterie, demeurante au bourg des Molières, laquelle a présentement vendu à Gilles Triau, officier hateur du grand commun du roy, et Madeleine Louise Masson son épouse, les héritages suivant aux Molières : Décidemment, il se passe encore une vente en 1745: Le sieur Gilles Triau, officier hateur du grand commun du roy, et Madeleine Louise Masson son épouse, lesquels ont vendu à dame Jeanne Rolland veuve Daniel Faure professeur en l'académie de Layde en Hollande, les biens ci après : Cinq années passent. La veuve Faure a un fils Louis Joseph auquel elle donne la propriété comme bien dans la corbeille de mariage. Le mois suivant la donation, on assiste au mariage dans l'église des Molières de messire Joseh Louis Victoire Lefaure écuyer, gendarme de la garde ordinaire du roy, majeur habitan de cette paroisse, fils de defunt Daniel Lefaure, et de Françoise Marguerite Rolland, ses père et mère et de Marguerite Françoise Lesoure fille majeure de defunt Maître René Lesoure ancien procureur au parlement de Paris et d'Antoinette Musnier ses père et mère demeurant à Paris, paroisse Saint-Séverin . Notons parmi les présents, la mère du marié qui demeure aux Molières. Comme on le verra par la suite, ni la mère ni le fils n'acquittent l'achat de la propriété. Le couple Triau décède. Deux de leurs trois enfants sont encore en vie et en 1763, un partage est fait des biens, surtout des rentes. En 1767, le tuteur de Gilles Louis Triau, mineur émancipé d'âge, ledit étant sur le point de faire sa profession dans l'ordre de N.D. de la rédemption des captifs, dit de la Mercy, lequel cedde et transporte à Charles Ignace François Dev, maître marchand tailleur à Paris et à Louise Elizabeth Triau son épouse plusieurs rentes venant de la succession de ses parents. Il garde néanmoins de quoi payer sa dot pour rentrer dans l'ordre ainsi qu'une rente destinée à son entretien. Du fait du non paiement du gendarme, Elizabeth Triau, fille de Gilles intente une instance en recouvrement de ses biens. Fin 1768, une sentence est confirmée une première fois en juin 1769, puis par un arrest de la cour fin 1769. Ladite Elizabeth Triau devenu épouse d'Ignace Dev, avoit droit de rentrer en possession, comme héritière pour moitié, de Gilles Triau officier hatier du grand commun et de Madeleine Louise Masson son épouse ses père et mère, son frère pour l'autre moitié. En 1778, d'après le registre des déclarations censuelles à la comtesse de Brionne, le sieur Charles Ignace Dev, marchand tailleur demeurant rue Dauphine paroisse Saint-Sulpice, tant pour lui que pour dame Louise Elizabeth Triau son épouse, déclare tenir à la justice haute moyenne et basse , les biens ci-après déclarés dans la paroisse des Molières, membre du Comté de Limours: L'année suivante une transaction est faite avec les créanciers qui hypothèquent la maison des Molières. Suit alors une vente aux enchères : Louise Elizabeth Triau épouse d'Ignace Dev, maître tailleur d'habits, séparée quant aux biens par sentence rendue en la chambre du conseil du Châtelet, le 23 septembre 1778, laquelle a dit que pour remplir les conventions entre elle, son mari et les créanciers, il a été procédé à la vente au plus offrant et dernier enchérisseur de biens situés aux Mollières et à Montabé, … appositions d'affiches,... adjudication à Mr Canuel. En conséquence la dame Dev à ceddé à Jacques Michel Canuel, avocat demeurant à Paris, les objets ci après désignés : En fin d'année c'est au tour de Jacques Michel Canuel, avocat, demeurant à Paris paroisse Saint-Germain l'Auxerrois, pour satisfaire à l'assignation qui lui a été donnée de faire sa déclaration censuelle. Le texte est analogue à celui du tailleur. Fin 1779, un acte de régularisation résume l'adjudication Cette fois la propriété reste une vingtaine d'années aux mains de l'avocat. En 1787, Jacques Michel Canuel, avocat en parlement demeurant rue de la chaussée d'Antin, lequel vend à Héleodor Jacques Pierre de Monchanin, écuyer avocat en parlement demeurant rue Saint-Jean de Beauvais, paroisse saint-Etienne-du-Mont, une maison, prés, bois, dans la paroisse des Molières et au village de Montabbé scavoir Notons début novembre 1788, Eléodore Jacques Pierre de Monchanin, avocat en parlement, demeurant paroisse Saint-Sulpice, de présent en sa maison des Mollières proche l'église, se consistant en un grand corps de logis appliqué en plusieurs chambres hautes et plusieurs espaces de bâtiments, cour jardin, tenant au levant au presbytaire du lieu et du couchant à la ferme de la comtesse de Brionne sur lequel héritage, l'oeuvre et fabrique des Mollières a droit de prendre trois livres de rente.
La maison au XIXe siècle
Extrait du plan napoléonien.
Le cadastre napoléonien mentionne les parcelles G97 à 101 à Monchanin, référendaire à la cour des comptes. Ce personnage garde la propriété jusqu'en 1825. Il la revend à la veuve Target : Héléodore Jacques Pierre de Monchanin, conseiller référendaire à la cour des comptes et Renée Guirand veuve en premières noces de Mr Barthélémy, son épouse, communs en biens, lesquels ont vendu à Théodore David, architecte à Limours, le domaine des Mollières consistant en une maison bourgeoise, avec grille non ouverte sur la place de l'église, composée au rez de chaussée d'un vestibule avec cage d'escalier, cuisine salle à manger deux offices, salon éclairé de quatre croisées, deux étages au dessus, Le cadastre enregistre la mutation en 1826. La veuve Target, Jeanne Leroy de Lisa décède à Quincampoix en 1831.
Ses quatre enfants se partagent les biens du couple Target dont Armenon, Quincampoix, la ferme des Molières (mentionnée sur le plan en tête de chronique) qui inclue la fameuse maison dite de Sully (référencée 22) . Les biens sont divisés en quatre lots tirés au sort, le préfet obtient le troisième lot qui comprend la ferme des Molières avec le pavillon Sully.
Extrait du plan de partage, le reste des fortifs est et sud est visible.
De 1834 à 1849 le cadastre mentionne Louis Ange Target, préfet du Calvados possédant ladite maison; ces biens passent en 1849 à Marie Louise Pauline Target, sa fille mineure, qui hérite de son père. Elle se marie en 1854 avec Louis Joseph Buffet avocat et homme politique . Ce dernier est natif de Mirecourt dans les Vosges. Suite à des revers électoraux il se retire à Mirecourt. Le cadastre avec retard enregistre Buffet à Paris. Si l'on en croit Boyé, romancier ayant vécu aux Molières, une dame Picot serait intervenue lors de la guerre de 1870, en raison du tir sur trois soldats prussiens et les avait tués. Cette alsacienne alla parlementer avec les autorités ennemies et évita la décision de brûler toutes les maisons du village. Ce fait est réel, Anne Müller, épouse Frédéric Picot est née en 1816 à Horbourg (Haut Rhin) et a opté pour la nationalité française. Ils ont acheté la propriété dont nous narrons l'histoire. Nous verrons dans la chronique consacrée à la ferme des Molières, contiguë à cette propriété, qu'une autre branche de cette famille arrive en 1872. Apparemment, la propriété est vendue vers 1882 à son époux Frédéric Picot. Ce dernier décède le 9 mai 1893 aux Molières. La veuve Muller est mentionnée au cadastre jusqu'en 1895, et doit revendre à Gabriel Doury qui réhabilita cette demeure en maison bourgeoise. Ces dernières affirmations seront complétées début 2013 après dépouillement du notariat de Limours.
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