Le moulin de Trémerolles à Bruyères-le-Châtel
Cette chronique, est consacrée à un des moulins de Bruyères appelé moulin de Trémerolles. Nous ne suivrons pas madame Balufin qui cite: à l'origine on l'appelait le moulin d'Arpenty... Cependant un acte d'acquisition de 1297 témoigne que le fief et et le moulin avait été attribué aux religieux de St Jehan de Jérusalem... L'acte de 1297 concernant ces religieux concerne le moulin de Guysseray.
J.P Dagnot - Avril 2015 - Octobre 2015
Extrait des cartes de chasse.
Le premier acte trouvé date de 1524, furent présents en leurs personnes Jehan Chenedeau laisné, laboureur demeurant au moullin de Trémerolles, paroisse de Bruyères le chastel, ...., lesquels, ... Il s'agit d'un échange.
Le second en novembre 1617, est un intitulé du répertoire du baillage de Soucy: bail à loyer du moulin de Trémerolles par Olivier Ribier à Gilles Relleau.
La semaine suivante, un autre intitulé cite prisée du moulin de Trémerolles. L'acte correspondant: prisée du moullin à mouldre bled appelé Trémerolles appartenant à Abraham Richer prieur du prieuré dudit Bruyères, assis en la paroisse et chatellenie dudit lieu :
- premièrement la meule de dessoubs appelé gisant despaisseur huit pouces estimée 28 livres,
- la meulle de dessus appelée le courant de neuf pouces despaisseur prisée 33 livres,
- item le fer et la pille...
- item l'arbre garny de ses frettes...
- item ont trouvé le chasble et le grand engin ...
- item la poislière...
- item la ? avec six aies servant à couvrir les meulles,
- item la huche ...
La semaine suivante, le 5 décembre autre intitulé de bail d'héritages par Olivier Ribier à Nicolas Gouet. Puis le lendemain à Guillaume Aunet.
En 1622, Gilles Falloard, musnier demeurant au moullin de Trémerolle, paroisse de Brière le chastel, confesse debvoir ung demy muy de bled ...
Notons en 1629, une prisée du moulin.
Nous sommes en 1651, Abraham Ribier, prieur de saint Didier, vu l'assignation par la veuve Brancherye, pour la visitation, prisée et estimation des moullans tournant et travaillans du moullin de Trémerolles, sera faite par Charles Descartes meunier au moulin neuf...
Huit ans après, messire Jacques Cardon, prestre conseiller et aumosnier ordinaire du roy, prieur du prieuré st Didier de Bruières, lequel confesse avoir baillé à tiltre de loier et ferme et prix d'argent jusqu'à six années à Louis Brancherie, musnier demeurant à Arpenty, paroisse de Bruières le Chastel et Magdeleine Hua sa femme, c'est à savoir un moullin à eau, garny de ses tournans et travaillans appelé le moullin de Trémerollex, la petite maison y attenant et constituant ung logement par bas, deux espasses avec escurie et autres appartenances, avecq la quantité de cinq arpens de terre labourables et trois arpens de pré deppendant dudit prieuré, ledit preneur disant bien congnoitre pour l'avoir occupé en dernier. Ce bail fait moiennant la somme de 360 livres, une douzaine de poullets vifs et deux chappons gras. Pour l'estimation faire la prisée avec Laroque ; curer la rivière qui conduit l'eau audit moulin, .... mouldre gratuitement les grains du bailleur pour sa consommation personnelle.
Notons en 1680, André Cossé musnier. Deux ans après, Louis Branchery revient au moulin.
De 1692 à 1738, le bail du moulin est inclus dans le bail du temporel du prieuré. Ainsi, fin 1736, Suzanne de Montault, abesse de l'abbaye royalle de la Saussaye, laquelle par ces présentes baille pour neuf années, à Michel Gentil, laboureur demeurant à Troux paroisse de Bruyères, les revenus du temporel du prieuré ... maison près église, ferme de Couard, ... moulin de Trémerolles,...
Les temps changent, en 1746 l'abesse doit être décédée et c'est l'assemblée des religieuses qui se réunie pour bailler à plusieurs personnes le revenu temporel de Bruyères, ainsi, c'est à Louis Laisné que l'on propose pour 3 ,6, 9 années le moulin de Trémerolles, ce dernier y demeurant, c'est à savoir: le moulin à eau situé sur la rivière Remarde dépendant du prieuré de Bruyères le Chastel avec ses tournans et travaillans et moulans, batimens en dépendant, 5 arpens de terres et 5 arpens de prés, ainsi que le tout se poursuit et comporte, dont ledit Laisné dit avoir parfaite connoissance et en est content pour en jouir. Ce bail fait moyennant la somme de 340 livres. Conditions, ..., faire curer la rivière trois fois pendant le cours du présent bail, faire tondre les aulnes et saules tous les trois ans depuis la Guillère d'Arpenty, jusqu'à la boele du déversoir. A été convenu que dans le cas où le moulin à eau étant au dessus de celui donné à loyer et appartenant au sieur Huguet appelé le moulin brulé qui ne tourne point depuis quelques années viendroit à tourner et travailler, il sera libre auxdits preneurs de quitter le moulin à eux susdonné à loyer en avertissant cependant les dames bailleurs six mois auparavant. Cependant il sera nécessaire que le nouveau moulin empêche de tourner par le deffaut d'eau le moulin baillé. Fait en le couvent , au grand parloir, la grille ouverte...
Trois ans après, à la requeste de Louis Laisné, un huissier à verge se présente au couvent de la Saussaye pour dénoncer le bail du moulin et réclame son du pour le voiturage de marne sur les terres.
En octobre, un nouveau meunier arrive, les religieuses assemblées en leur grand parloir au son de la cloche, baillent pour neuf années à Charles Leduc, meunier à Briis, le moulin de Trémerolles, (dito 1746), moyennant 400 livres, une rente de six livres cinq sols due au prieur de Saint Florent de Saumur dont est chargé le moulin, de payer au meunier qui occupe le moulin l'excédent de la prisée, curer la rivière neuf fois... Le beau-père se porte caution pour le paiement des loyers.
Suit en novembre la prisée et estimation des ustancilles étant dans la maison et le moulin de Trémerolles, faite à la requête de Louis Laisné, meusnier dudit moulin y demeurant et sortant diceluy, et de Charles Leduc aussy meusnier demeurant à Briis sous Forges entrant dans ledit moulin, selon l'estimation de deux experts choisis par chaque meusnier, rédigé par le notaire de Soucy, Charles Delacour de Baval:
- plancher devant les vannes,
- grande vanne desservant de décharge,
- vanne à donner l'eau sur la roue,
- deux chevriers garny de leur coin,
- arbre tournant garny de 5 frettes,
- roue garny de ses embrasures,
- lanterne, ....
- escalier à monter aux meules,
- meule courante en pierre de Brie estimée 453 livres, soit le tiers des ustancilles,
Les religieuses se réservent 300 livres de souche leur appartenant.
Nous arrivons en 1756, les religieuses de la Saussaye renouvellent le bail à Charles Leduc du moulin de Trémerolles, ..., moyennant 400 livres de loyer, ... rente de 6 livres,... les preneurs auront droit de pêche sur ladite rivière jusqu'à la roche du colombier.
De nouveau en 1763, notons le bail par les religieuse de la Saussaye à Charles Leduc: La supérieure Anne Lemaire baille à prix d'argent pour neuf années à Charles Leduc, meunier du moulin de Trémérolles ledit moulin garni, ..., avec 5 arpens de terre et 5 de pré autour dudit moulin, moyennant 410 livres. Curer depuis la rivière d'Arpenty jusqu'à l'arche ou le chemin du colombier.
Fin 1774, les religieuses de la maison de St Louis assemblées en leur parloir du dépôt, ..., étantes aux droits du prieuré de la Saussaye, donnent à loyer pour neuf années, à Charles le Duc meunier du moulin de Trémerolles, ledit moulin avec cinq arpents de prés et cinq de terres labourables. Le bail fait moyennant 500 livres. Condition de curer la rivière depuis ledit lieu d'Arpenty jusqu'à l'arche où le chemin du colombier.
Louis Astruc, intendant de St Cyr, négocie dans un autre acte, l'approche par le meunier des matériaux pour les réparations pour les deux ans du bail actuel et les neuf du nouveau bail.
En octobre 1786, un procès verbal de visite de la maitrise des eaux et forests entre le fermier du moulin d'une part, et le sieur Nicolas Blain, propriétaire du moulin bruslé d'autre part et les dames religieuses de Sy Cyr propriétaires du moulin de trémerolles, disant:
- il y a deux cents ans environ, lors de l'établissement du moulin brulé, il était comme moulin à bled et non à tan, qu'en surplus ce n'est point ici la question à traiter, que n'étant propriétaire dudit moulin brulé que depuis 1781, et ayant acheté ledit moulin dans l'état et à l'endroit où il est maintenant, en supposant que ce moulin hors de sa reconstruction a été reporté à douze ou quinze toises plus haut qu'il n'était ( ce dont ledit Blain ne convient point), rien ne prouve que le moulin ait plus de chute qu'à l'époque où on suppose qu'il étoit anciennement ...
- qu'en 1774 les demoiselles de st Cyr ont relevé le sault de leur moulin de dix pouces sans aucune permission, ....
Deux années passent, une lettre est adressée par Laisné au maréchal de Castries, seigneur de Bruyères, pour demander aux religieuses de st Cyr de se conformer aux règles et obtenir de ne plus déverser par leur meunier des déchets dans la Remarde.
Affiche de la mise en vente du moulin de Trémerolles.
La Révolution arrive, les biens des ordres religieux sont mis entre les mains de la Nation. En 1791, a lieu l'adjudication d'un moulin à eau appelé le moulin de Trémerolles composé de bâtiments pour le logement du meunier et l'exploitation dudit moulin, cinq arpents de terre et cinq arpents de pré, appartenant aux religieuses de St Cyr les Versailles , à Lamy marchand meunier demeurant au moulin neuf, paroisse de Bruyères le châtel, estimé 11.570 livres adjugé 32.200 livres.
Le dossier de vente précise mise à prix 29.000 livres, Thomas Lamy adjudicataire pour 32.200 livres.
La même année, Thibault Leduc, meunier demeurant au moulin de Trémerolles, déclare qu'il est dans l'intention de se pourvoir d'une patente, en vertu d'icelle, pouvoir faire le négoce de marchand de farine.
En octobre 1792, le citoyen Pierre Oyon ingénieur du département de Seine et Oise, chargé de vérifier les augmentations et amélioration faites au moulin de Trémerolles faites par Thibaud Leduc, fermier et locataire dudit moulin, qui appartenoit à la nation comme ci devant bien ecclésiastique et a été vendu à Thomas Lamy ...
En Frimaire an 4, le dossier sur le moulin mentionne une contestation relative au déversoir du moulin Brulé, suivi d'une délibération en ventôse. L'affaire se terminera en 1809 par la destruction de ce moulin.
Entre 1806 et 1810, Marie Geneviève Lamy perd ses parents et hérite du moulin.
Notons dans le recencement de 1817, Etienne Cailleau meunier 48 ans , Geneviève Lamy 45 ans sa femme et Victor Lamy 17 ans son fils. La même année, un rapport concerne l'écoulement des eaux de la boële Baudron.
L'année qui suit un un arrêté préfectoral règle provisoirement le fonctionnement du moulin.
1820 détail du moulin.
En 1835, une vente familiale de Lamy à Cailleau laisse la famille Cailleau seule propriétaire.
Notons dans le recensement de 1836, Etienne Caillaux meunier.
En février 1837, le nouveau propriétaire Rousseau, demande l'autorisation de transformer le moulin en filature de laine, en modifiant le système extérieur de l'usine, en construisant de nouveaux bâtiments et en installant une machine à vapeur. En fin de mois, un procès verbal de visite des lieux est dressé. et aussi un rapport du système extérieur de l'usine. En mars un arrêté d'autorisation. Puis en octobre une dérivation de la boële de de l'usine.
Plan de 1857
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En 1839, un rapport de l'ingénieur des eaux et forêts précise le réglement de la filature.
Notons un règlement définitif de la filature par un arrêté préfectoral en juin 1857.
En 1864, Eugène Gabriel Lefaucheux rachète le château de Bruyères.
Trois ans après, une vente sur licitation comprenant "l'ancienne usine de Trémerolles" avec chute d'eau de 8 à 10 chevaux, d'une contenance de 1h 51a, sera mise à prix 20.000 frs. Pierre Ernest Rousseau sera l'acquéreur (1).
En 1874, la veuve Rousseau revend l'usine en 1874 pour 14.000 frs. Notons la description des lieux:
un corps de bâtiment couvert en ardoises, à trois étages, appentis à la suite ; bâtiments en retour divisés autrefois en bureau, magasins, logements du Directeur, grange, convertie en magasin, appentis, logement des ouvriers, jardins à leur usage, lavoir sur la rivière, jardin du Directeur entouré de murs.
Terrain au devant bordant la route départementale d'Arpajon à Chartres et traversé par le chemin conduisant de la route à l'usine, lequel chemin dépend exclusivement de la propriété vendue.
Le tout occupe une superficie de un hectare vingt trois ares soixante centiares... Une pièce de pré et les deux fausses rivières qui l'entourent, servant : l'un à la vanne de décharge et l'autre au déversoir de l'usine... (1)
Eugène Lefaucheux, fabricant d'armes acquiert donc l'usine de Trémerolles, et la convertit en fabrique d'armes pour quelques années. L'usine emploiera jusqu'à 150 ouvriers.
lieu mentionnant une machine à vapeur.
En 1895, notons la vente par la veuve Lefaucheux à Jean Laffitte desdits lieux pour 40.000 frs. Ce dernier va y fabriquer des plaques à souder le fer et l'acier, il transforme une partie des bâtiments.
Voyons quelques faits au XXe siècle, en 1902, Jean Laffitte décède sans enfant; ses héritiers Viallon et Cretin créent une société.
Notons en 1919, l'incendie de l'usine de Trémerolles qui a engendré 400.000 frs de dégats.
Cette dernière change de nom en 1923 et cessera son activité en 1950.
En 1972, nous voyons la vente du domaine à Ferrino qui en fait une menuiserie et également un lieu pour accueillir de petites sociétés.
En janvier 2014, la Rhumerie Tricoches spirits s'installe dans la propriété.
Note
(1) Informations provenant de Guillaume van Mastrigt
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