Le fief de Thuillières (1410-1780) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ----------------------------------- _----------ajout juillet 2012- Juillet 2010 Partie du plan d'ensemble de Gometz.JP. Dagnot
Cette chronique se propose de relater l'histoire d'une ferme située à Janvry en limite de Gometz-le-Châtel et Gometz-la-Ville. Contrairement aux chroniques habituelles et du fait de l'appellation de cette ferme, les erreurs dues à l'étymologie sont à éviter.
Le fief au XVe siècle En 1407, Yon de Maintenon, dit le Borgne de la Queue, seigneur du Marais & du Val saint Germain, chevalier et maistre dostel du roy nostre sire, lequel confesse en une seul foy & homage de noble home & saige monseigneur Jehan seigneur de Montagu , ...., à cause de son chastel & seigneurie de Gometz, son hostel tant ainsi qu'il se comporte avec les jardins fosses à poisson assis au plus près de la paroisse de Janvris avecq cent arpens de terres ou environ assis autour dudit hostel auquel y a plusieurs fossez & ou il y a poullage & saulz, donné sous le seel dudit Yon. Ce document est troublant, il ne s'agit pas de la Brosse dont l'appellation est connue, peut-être Tuilières, Grivery ou à Gometz la ville ? Six ans passent. Je, Jehan Le Bègue, clerc, notaire et secrétaire du Roi, ay aujourdui reçu et mis en ma foy et hommage, Jehan de Meaulx demeurant à Villiers sous Saulx, en nom de luy et de Jehannette sa femme, fille de feu Jehan Denise, en son vivant, demeurant à la Brosse en la paroisse de Janvris, d'un fief ou portion de fief assis audit lieu de la Brosse, contenant plusieurs pièces de terres prés et friches a eulx venus et eschus par le trépassement dudit feu Jehan Denise. Icelluy fief tenu de moy à cause dun hostel et terres assis audit lieu de la Brosse, qui jadis furent Hue du Mesnil et depuis à Nicolas de Luzarches. Il est clair que la famille le Bègue possède un fief à la Brosse (Thuillières est distant de 200 mètres). Côté généalogie, un site mentionne cette famille remontant logiquement à Jehan le Bègue marié à Anne Paillard et dont les descendants vont jusqu'à Sidonie du Plessis. Ce serait le notaire parisien qui posséderait comme suzerain des biens à la Brosse qui se seraient appelés deux générations après Tillières prez Montlhéry.
Après ce couple, on trouve Catherine le Bègue mariée à Jehan de Poupincourt. Notons qu'il est possible que ce couple eut une fille Jehanne qui fut religieuse à l'abbaye de Gif et dont le nom en religion est Jehanne de Tuillières; cette dernière reçoit en 1470 l'archidiacre de Josas et lui montre tout le couvent... Puis, le père Anselme nous éclaire sur les familles Le Bègue, Poupaincourt et Duplessis avec mention de Tillières prez Montlhéry. Jehan du Plessis, chevalier, seigneur de Perrigny, La Perrinne et Savonnières, se marie avec Claude de Poupaincourt, fille unique et héritière de Jehan de Poupaincourt, seigneur de Liancourt et Sarcelles, alors licencié en loix et en décret, avocat puis président au parlement de Paris et de Catherine le Bègue. Elle eut entre autres choses à son mariage, les terres et seigneuries de Liancourt en Beauvoisis et de Tillières prez Montlhéry.
Le fief au XVIe siècle De l'union avec Claude de Poupaincourt naquit un huitième enfant Guillaume en 1491. Il fut seigneur de Liancourt, de Sarcelles, du fief de la Grange prez Gisors, de Thuillières prez Montlhéry et du fief de Beuverine en Picardie, par partage avec ses frères en 1514. Fut en sa jeunesse, grand-maître des eaux et forêts de Clermont en Beauvaisis. Le roy François 1er étant parvenu à la couronne lui donna la charge de son écuyer tranchant ordinaire et le pouvut de celle de maître d'hôtel du dauphin son fils en 1534. Il fut ensuite conseiller et maître d'hôtel ordinaire du roy Henri II qui le choisit comme ambassadeur en Suisse où il mourut en 1550. Une donation entre vifs faite par Jehan Rousseau, praticien en cour laye demeurant à Briis, à André Labbé son cousin, marchand laboureur demeurant à Thuillières, paroisse de Janvris, est le plus ancien document direct trouvé mentionnant ce lieu. Il date de 1550. Guillaume du Plessis Liancourt et Françoise de Ternay ont une fille Sidoine, née en 1528, elle se marie avec François Bouchet en 1556. Ce dernier rend aveu en 1560: François de Bouchet, propriétaire du fief de Thuilières, s'adresse au seigneur de Bruyères, Jehan de la Rochette et rend aveu. Il s'agit de terres faisant partie du domaine et mentionnées dans une transaction faite au XVIIIe siècle: Également en 1563, dans une vente entre Jehan Ledoux et sa femme Mathurine Alliot, laboureur au Petit Chantecoq, paroisse de Brys, et Jacques Rousselet (le futur beau-père d'Ambroise Paré) demeurant à Montlhéry: Un cayer appartenant à Jehan de Baillon, mentionne pour l'année 1563, un acte passé par devant Vassard et Yver, par lequel, André Labbé demeurant à Thuillières paroisse de Janvriis, & Nicolas Labbé son père receveur de Lymours ont vendu et transporté à Jehan de Baillon, 25 escus sol de rente... L'année suivante, le contrat d'eschange entre Jean de la Rochette et Jean de Baillon de la terre Dolinville et les trois quarts de celle de Bruière contre des rentes. Ne retenons que les éléments qui nous intéressent: Il ressort de ces premiers documents que pour connaître l'histoire du fief de Thuillières, la généalogie et les actes indirects sont essentiels! Jehan de Baillon décède subitement. Ses héritiers se partagent ses biens et Guillaume le fils aîné du premier lit, obtient notamment les droits Bruyères-le-Chastel et quelques arrières fiefs. Il les cède à Pierre de Ficte, seigneur de Soucy. Ce dernier va comme c'est la coutume en rendre l'aveu, ce document très détaillé va nous faire connaître des éléments importants dont nous retiendrons: le fief de Tuillières assis près la Brosse en la paroisse de Janvris de présent appartenant à noble homme messire François du Bouchet, chevalier, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et enseigne de la compaygnie de Monsieur le duc de Montpensier, seigneur chatellain du Bouchet et de Saint Léonard des Boys en la paroisse de Saint Sevin en Champaigne, à cause de dame Sidonie du Plessis sa femme, le dénombrement du quel fief ensuit selon que ledit Bouchet la dernièrement baillé aux prédécesseurs dudit advouant, c'est à savoir: Cette description est caractéristique des résidences secondaires et source de revenus des riches parisiens, terres, fournil, arbres fruitiers... Notons en 1574, dans l'aveu de Thomas de Balsac de la baronnie de Gometz, la mention dans les limites de la seigneurie de la ferme de Tuillière allant le long du ruisseau qui est en dessous de la Brosse.... Les actes trouvés sont peu nombreux, citons dans l'inventaire des titres de la châtellenie de Montlhéry un extrait du compte des taxes faites sur la prévosté de Paris, datant des années 1580 , qui comporte trente-deux fiefs dont celui du fief des Thuileries et Brosse sis à Janvris appartenant à Guillaume du Plessis .
La ferme au XVIIe siècle En 1608, une constitution de rente permet de connaître le propriétaire de Thuillières. Jacqueline de Gerard, veuve de Robert de Potin se fait représenter par Nicolas de la Pille, recepveur de Monsieur de Paloyseau, pour emprunter 600 lt. Cette constitution de 37 lt de rente est passée avec Louys de la Barre. Ladite est dame de Thuillières, habite Paloyseau ,hypothèque la terre et seigneurie de Thuillières, maison, terres, prés et autres appartenances, lui estant eschu par la succession de Robert de Potin son fils, vivant seigneur dudit Thuillières. En mai 1610, le prêteur de la rente, Loys de la Barre poursuit les criées de la terre et seigneurie de Thuillières, cy après déclairée saisie sur damoiselle Jacqueline de Gerard veufve de Robert de Potin, seigneur de Goupigny, dame de Thuilières,
La terre et seigneurie de Thuillère ses appartenances et deppendances size en la paroisse de Janvriis, se consistant: En 1618, Louis Pinoteau laboureur demeurant à Tuillières, paroisse de Janvris, et Anne Tourneur sa femme, vendent à Claude Dumoulin, notre personnage du Houssay et de la ferme du val de Gay à Marcoussis, deux arpents à Beauvert. La vente faite moyennant 410 livres avec 6 livres d'épingle pour ladite Anne. L'acheteur commencera à payer une dette au receveur de Marcoussis, le sieur Poullier, du montant de 165 livres, pareillement à Catherin Symonneau, marchand la somme de 30 livres et enfin à Pierre Thiboust, 38 livres pour la taille dudit Marcoussis. Quant aux 85 livres restantes elles seront employées à acheter du bled de semence pour ensemencer les terres de la ferme de Thuillières où ils sont de présent. Les vendeurs seront tenus de ratifier l'acte dès qu'ils auront atteint l'aage de 25 ans. Ces jeunes commencent assez mal leur union, ce n'est pas fini 18 mois plus tard, la scène se répète avec les mêmes intervenants, toujours des ventes de terre sur Marcoussis du côté de la Ronce, mention du ruisseau des Biez, de la fontaine de Beauvairs, de la rue de Beauvert. La vente cette fois se monte à 450 livres. Il s'agit toujours de régler des obligations contractées par eux ou probablement par leurs parents: Contrairement à d'autres endroits nous restons sans informations jusqu'en 1659. C'est le seigneur de Bruyères, Messire Lespinette Lemairat seigneur et baron de Bruyères, représenté par Paul Foulques qui agit pour saisir féodalement le fief terre & seigneurie de Thuillières situé en la paroisse de Janvris relevant en plain fief dudit seigneur de Bruyères , contre Jean Bassonnet fermier dudit lieu de Thuillières défaillant. Le propriétaire des lieux non cité n'a pas présenté ses hommages et le fermier est tenu d'apporter son bail. On peut raisonnablement penser que les propriétaires de ce domaine depuis "les Duplessis" sont parisiens, et qu'ils font appel aux notaires du Châtelet de Paris pour la rédaction de leurs baux.
La ferme aux de la Mouche En 1709, une grosse en parchemin d'un décret fait aux requestes du palais à Paris, du fief terre & seigneurie de Thuillières, sis aulieudit de la Brosse, circonstance et appartenance de la grande ferme de Thuillière, par lequel il apparoit que les biens ont été adjugés le 6 juillet à Mr Normand, procureur qui en passé sa déclaration au proffit de Pierre de la Mouche I de Beauregard, moyennant 6.160 livres, payées le 20 octobre. A cet effet, le sieur de Beauregard a emprunté la somme de 4.220 livres de Mr François Baudry, procureur en parlement et 1.950 livres du sieur Burgeat, bourgeois de Paris. En cette année 1717, le fils aisné du précédent, Pierre Antoine de la Mouche II, convole avec Marguerite Françoise Petit de Cerdon, les parents d'Antoine, en considération de son mariage, lui apportent l'estat & office de conseiller au parlement, et transportent par donation entre vifs & avancement dhoirie, cinq boutiques aux Halles de Paris, une maison à St Denis, la terre & seigneurie de Thuillières, et 25.000 livres de rentes... La seigneurie est estimée 22.000 livres. C'est à Paris en 1719 que l'on trouve enfin le premier bail de ce domaine. Devant Valet, Messire Pierre Antoine de la Mouche de Beauregard, chevalier, seigneur de Thuilières, demeurant à Paris en l'Isle Notre-Dame, paroisse Saint-Louis, baille à ferme loyer et prix d'argent, pour neuf ans, Estienne Desgrais, laboureur et Elizabeth Lebon, sa femme, demeurants en la ferme de la Déchanterie, au village de la Brosse paroisse de Janvry, la ferme, terre & seigneurie de Thuillières, consistant: En 1728, Messire Pierre Antoine de la Mouche, chevalier, seigneur de Beauregard, Tuillières , demeurant à Paris rue des blancs manteaux vient d'hériter de son père il est devenu seigneur de Saint Jean de Beauregard et Thuillières devient annexe. Suivant la coutume il rend aveu de Beauregard. Marguerite Pichon, épouse de Pierre Antoine I de la Mouche, décède en 1732. A la suite du partage entre les deux frères, la seigneurie de Thuillières s'est agrandie et transformée, elle est maintenant estimée à 34.000 livres. En 1737, un renouvellement du bail de la terre de Thuilières, est fait par Pierre de la Mouche à Jacques Quigny, sous seing privé, pour neuf années et moyennant 700 livres aux mêmes conditions que celles de 1719. Les relations sont bonnes entre les parties, en 1740, la ferme de la Déchanterie voisine de celle de Thuillières et appartenant au seigneur de Beauregard est également baillée sous seing privé, au même fermier moyennant 500 livres.
La ferme à Françoise Matagon Les années passent, Pierre de la Mouche décède en 1760. Ses enfants héritiers vont vendre par adjudication les biens de la famille dont la ferme de Thuillière. Cette vente va se réaliser par le biais d'une sentence de licitation du Châlet la même année au profit de Françoise Matagon. Cette dernière a quelques soucis financiers. La saisie réelle de ses biens est effective en 1761.
La description du fief & ferme de Thuilières est la suivante: le fief, avec droits de haute, moyenne et basse justice et de chasse, consistant en une ferme du même nom, composée d'une grande et belle cour dans laquelle est le logement du fermier, consistant en : Ayant été contrainte de régulariser sa situation, Françoise Matagon, dame des terres & seigneuries de Beauregard, Thuillières, veuve Charon, receveur général des domaines & bois de la généralité de Paris, demeurant rue Saint Avoye, paroisse st Nicolas des Champs, laquelle donne à titre de ferme & prix d'argent pour six années, à Pierre Machelard, laboureur à Thuillières et Françoise Moison sa femme, les fermes de Thuillières et de la Déchanterie sizes au hameau de la Broce paroisse de Janvry. L'année 1766, le comté de Limours est échangé par le roy Louis XV avec le comte d'Eu. Ce dernier fait le point sur ses biens et Françoise Matagon, pour le fief de Thuillières qui est enclavé entre Gometz-la-Ville et Gometz- le-Châtel. Pour simplifier les choses le seigneur dominant de son fief est celui de Bruyères-le-Châtel. Elle fait une déclaration sous seing privé des parties dépendantes de sa terre et seigneurie de Thuillières qui relève en plein fief foy et hommage de la baronnie de Gometz-le-Châtel réunie au comté de Limours et d'autres objets tenus en censive, contenant en outre ses réserves et protestations au sujet de trois arpents et demi de bois, le long du bois de la Brosse, dépendant du comté; qu'elle prétend lui avoir été pris lors de la confection des fossés du bois. Cette dame est déboutée, le roy ayant fait un échange avec elle en 1763 et que c'étoit là le moment auquel elle auroit pu réclamer... Nous arrivons en 1778, cette fois comme cela s'est passé fréquemment dans la région, la dame de Beauregard, de présent en son château de Beauregard, rencontre Messire André Pierre Haudry, écuyer, seigneur de Soucy, Fontenay, Janvry, et du fief de la Brosse, demeurant ordinairement en son hôtel rue Montmartre paroisse Saint-Eustache, de présent en son château à Soucy. Lesquels désirent terminer amiablement les limites entre les fiefs de Thuilières et de la Brosse et éviter les mélanges des droits de censive, après examen par leurs conseils des papiers terriers: Une semaine après, la veuve Charon déclare les terres correspondant à l'ancienne ferme de la Deschanterie tenant à la rue tendant dudit lieu à Vaularon, à la rue des Denises. Les espaces de batiments actuellement sont en ruine cour au milieu jardin clos de haies vives, audit lieu de la Brosse... En 1780, la dame Mortier , patronne de l'église Saint-Jean de Beauregard, baille pour neuf années à Pierre Claude Machelard, laboureur à Thuilières, paroisse de Janvry, demeurant en la ferme ci après la ferme seigneuriale dudit lieu consistant: À suivre ...
Notes (1) Histoire des pairs de France , tome 5, par le chevalier de Courcelles (1825).
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