Église de Saint-Julien de Villejust (1) (1090-1463)

 

Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------- _-------------------- --------- Avril 2011

C. Julien

 

 

 

Cette chronique est la première d'une série donnant l'histoire de l'église Saint-Julien de Villejust. D'après Michel Robin, parmi les églises du diocèse de Paris citées pour la première fois au XIe siècle sous le vocable de saint Julien le martyr, celle de Villejust n'était qu'à cette époque qu'une simple chapelle dépendant de la paroisse de Saulx. Dans cette hypothèse, il faut croire qu'un peu plus tard, la paroisse de Villejust fut démembrée de celle de Saulx-les-Chartreux.

Quelle est l'antiquité de Villejust ? Selon Hennique de Chevilly qui décrit la paroisse de Villejust en ces termes «  Villejust, cure Saint-Julien, martyr de Brioude, à la collation du prieur de Saux  » les historiens prétendent que le roi Pépin fit don, en 768, de La Poitevine à l'église cathédrale de Poitiers, qui lui donna son nom (1). Nous savons que le roi sentant sa mort prochaine avait donné une grande partie de la forêt d'Yveline à plusieurs monastères dont l'abbaye de Saint-Denis et l'abbaye Saint-Magloire à Paris.

 

 

Avant-propos

L'abbé Lebeuf décrit l'église de Villejust en ces termes «  L'église est un bâtiment imparfait qui n'a qu'une aile ; le chœur est voûté. Cet édifice ne paroit avoir que deux à trois cent ans. Saint Julien Martyr de Brioude en est patron ; ce qui pourroit faire croire que Villejust est l'abregé de Ville-Julien, si ce n'étoit que dans la Bulle d'Urbain III qui confirme cette église à l'abbaye de saint Florent de Saumur : elle est appelée " capella sancti Juliani de Villa Juxta " . Il fut permis le 31 mai 1556 d'en faire faire la dédicace et la bénédiction de quatre autels par Charles évêque de Megare qui devoit en fixer l'anniversaire au dimanche d'avant la Saint-Jean. On y voit devant la porte du chœur sur une tombe l'épitaphe de Noble Dame … épouse de Chainemelun, sieur de Cluniairencourt, décédée en 1533. Le pouillé Parisien du XIIIe siècle marque la cure de " Villajusta " à la nomination de l'abbé de saint Florent de Saumur. Tous les autres rédigés depuis s'accordent à le dire à la nomination du prieur de Saux, lequel comme on sçait est membre de saint Florent  » (2).

Comme avant-propos, nous citons la brève présentation qu'en fit Pierre-Thomas Hurtaut , contemporain de l'abbé Lebeuf : « Village du doyenné de Château-Fort, à cinq lieues de Paris , à gauche de la route de Chartres, une lieue par-delà Palaiseau. En approchant de ce village, on trouve, du côté de Paris, une montagne assez roide, vers le haut de laquelle sont les vignes du lieu, qui sont exposées au levant, et produisent de bon vin blanc, après quoi on se trouve dans la plaine de labourages, dans laquelle est bâti le village, dont le territoire ne laisse pas d'être garni de vergers avec grande quantité de pommiers. De l'endroit où sont les vignes, la vue est charmante vers Palaiseau, Longjumeau, Juvisy; on aperçoit même des pays par-delà Paris. L'église est sous le titre de Saint Julien, martyr de Saint Brioude, ce qui pourroit faire croire que Villejust est l'abrégé de Ville-Julien, si ce n'étoit que dans la bulle d'Urbain III, qui confirme cette église à l'abbaye de Saint Florent de Saumur, elle est appelée capella Sancti Juliani de Villa-Juxta . Le Pouillé parisien du treizième siècle, marque la cure de Villa-Juxta, à la nomination de l'abbé de Saint-Florent de Saumur; tous les autres rédigés depuis s'accordent à le dire à la nomination du prieur de Saux, lequel, comme on fait, est membre de Saint Florent». M. de Valois donne une raison du nom de Villa-justa. Il dit que ce village fut ainsi nommé, parce que rien n'y manque, et qu'il est pourvu de tout ce qu'il lui faut, que c'est ce qui signifie l'adjectif justa ; de même que les anciens ont appelé Justum Exercitum des troupes qui sont munies d'armes, chevaux et de ce qui est nécessaire à leur état » (3).

Dans le Dictionnaire de Saugrain (1726) Villejust et Fretay, paroisse dans l'intendance et élection de Paris a 230 habitants (4). Le dénombrement de l'élection de Paris, publié par Expilly en 1758, la paroisse de Villejust et Frétay compte 50 feux (5).

 

 

Les chartes de Longpont

Trois chartes du prieuré Notre-Dame de Longpont évoquent le village de Villejust (6). Les deux premières concernent une donation faite par une dame nommée Odeline qui prépare sa sépulture à Longpont. La date approximative «  vers 1100  » donnée par Jules Marion est plausible car les actes sont faits au temps du prieur Henri qui vécut jusqu ‘en 1125. D'autre part, le seigneur Gui de Linas «  Guido de Linais  », que l'on retrouve dans de multiples occasions était contemporain de Milon 1er, seigneurs de Montlhéry, et de son fils Gui Troussel, (première décennie du XIIe siècle).

Voici la transcription de la charte CCXXXVI suivie de la translation sommaire du latin. «  Odelina dedit Deo et sancte Marie de Longo Ponte, et monachis ejusdem loci, ubi corpus ejus sepultum jacet, totum hoc quod habebat apud Villam Just, videlicet terram et nemus ; et hoc concessit Eremburgis, filia ejus, et misit donum in manu Heinrici, prioris. Quod viderunt et audierunt hii testes, ex aprte ejus : Guido de Linais ; Guido, filius Holdeberti ; Albertus, filius Isembardi ; Robertus de Fluri ; ex parte sancte Marie : Arnulfus Malviel ; Gaufredus, major ; Oylardus, famulus ; Hubertus, pelletarius ; Rannulfus, famulus ; Teulfus, famulus  ».

« Odeline donna à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, où sa sépulture est construite tout ce qu'elle possède à Villejust , c'est-à-dire la terre et le bois ; et cela est approuvé par Eremburge, sa fille et l'acte fut mis dans la main du prieur Henri. Les témoins qui ont vu et entendu, de sa part : Gui de Linas, Gui, fils de Holdebert, Albert, fils de Isembert, Robert de Fleury, de la part de Sainte Marie : Arnulf Malviel, le régisseur Geoffroy, le serviteur Oylard, le tanneur Hubert, les serviteurs Rannulf et Teulfus ».

Bien que la fille de la donatrice, Eremburge, ait approuvé le legs de sa mère, il faut croire que toutes les précautions d'usage n'avaient pas été prises et que l'acte comportait des vices qui, dans un proche avenir auraient conduit à la chicane. L'oubli du consentement des membres de la famille n'était pas acceptable, et il fallut rédiger à nouveau une nouvelle charte en ayant soin que tous les protagonistes soient présents à la cérémonie à Longpont. L'inscription des parents et des frères permettait à ceux-ci d'être associés à la libéralité pieuses et par une voie indirecte de prendre part à l'aumône.

 

Plan cadastral napoléonien de Villejust (16 février 1809).

 

La charte CCLXXXI est identique à la précédente : «  Odelina dedit Deo et sancte Marie de Longo Ponte, et monachi ejusdem loci, ubi corpus ejus jacet sepultum, totum hoc quod habebat apud Villam Just, videlicet terram et nemus. Et hoc conceffit Balduinus, pater ejus, et Aya, mater ejus, et Gaufredus et Guillermus, fratres ipsius, excepro quodam feodo unius militis, Ansvini nomine, filii Ascelini, quod retinuit Balduinus quantum ei placeret donec monachis redderet, monachis, dico, expectantibus ejus misericordiam. Quod viderunt et audierunt hii telles, ex parte ipsorum : Guido de Linais ; Guido, filius Holdeberti ; Albertus, filius Isembardi ; Robertus de Fluri ; ex parte sancte Marie : Arnulfus Malviel ; Gaufredus, major ; Oylardus, famulus; Hubertus, pelletarius; Rannulfus, famulus; Teulfus, famulus  ».

Dont la traduction approximative est la suivante : « Odeline donna à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines de ce lieu, où son corps est enterré, tout ce qu'elle possédait à Villejust, c'est-à-dire la terre et les bois. Et cette donation fut approuvée par son père Baudouin, et sa mère Aya, et ses frères Geoffroy et Guillaume, à l'exception d'un chevalier nommé Ansoud, fils d'Ascelin, parce que Baudouin a été retenu quand il lui était agréable de rendre ce don aux moines pour dire son espérance de miséricorde. Les témoins qui ont vu et entendu cela, de sa part : Gui de Linas, Gui, fils d'Holdebert, Albert, fils d'Isembard, Robert de Fleury. De la part de Sainte Marie : Arnulf Malviel, le régisseur Geoffroy, le serviteur Oylard, le tanneur Hubert, les serviteurs Rannulf et Teulfus ».

Notons que le terme «  nemus  » peut signifier une forêt renfermant des pâturages, un bois ou un vignoble. Rien ne peut être précisé davantage dans cette charte. Il semble que second diplôme ait été écrit le jour de l'enterrement. Du côté de la donatrice, les témoins sont tous des aristocrates voisins de Longpont. Notamment, Gui de Linas, le fils de Hécelin et d'Aladis, est un chevalier très pieux. Il est nommé de nombreuses fois comme témoin dans les chartes de Longpont. Devenu l'ami du prieur Henri 1er Brito, celui-ci l'appelle son affectionné seigneur «  amorem domni » et Gui de Linas fréquente les prieurés clunisiens de Montlhéry et de Longpont. Par contre les témoins du prieuré sont tous des serviteurs et familiers des moines.

Venons en à l'énigme : qui est cette Odeline ? Dans une charte de 1090, nous trouvons Odeline femme d'Armand donnant une terre à Vert-le-Petit qui pourrait être la dame que l'on vient de rencontrer, on peut le conjecturer puisque l'abbé Lebeuf nous dit qu'un siècle plus tard «  sous Philippe-Auguste, le principal seigneur homme lige du roi pour Villejust, étoit Garin de Ver, qui avoit donné en fief à Thibaud Cocherel et en arrière-fief à Guillaume de Villejust ce qu'il tenoit du roi en ce lieu  ». Il est donc plausible que Villejust ait appartenu aux seigneurs de Vert au XIIe siècle.

Nous retrouvons le nommé Guillaume dans un acte de septembre 1240 : « Johannes de Palatiolo, Guillelmus de Villa Justa, Adam de Villaribus et Isabellis, ejus uxor, dictorum arbitrorum sententiam ratam se habituros promiserunt, mense septembri 1240. Tyoudus, presbyter et decanus de Longo Jumello, eisdem assensum præbuerunt, mense et anno prædictis ». Jean de Palaiseau, Guillaume de Villejust, Adam des Vaux et Isabelle sa femme, promettent de ratifier la sentence arbitrale. Au même moment Tyoud, prêtre et doyen de Longjumeau présente son consentement.

Dans le second cartulaire de Longpont, la charte LV, datée de 1172, évoque la «  cession faite au seigneur de Villejust par le prieur de Longpont, du consentement des religieux, des terres et bois moyennant six écus et cinq sols de cens par an, lesdites terres et bois proche Villejust  ». Ne serait-ce pas la donation précédente revenant dans les mains du seigneur de Villejust ?

Cinquante plus tard, une lettre de vente d'hostises à Lardy fait mention de Guy de Villejust, chevalier . Cet acte est suivi par une cession, faite devant le doyen de Longjumeau, par Simon et Emeline de Villejust , des mêmes hostises. À une date indéterminée, la vente de terres sises audit Villejust est faite par des habitants de Janvry à l'église Saint-Julien-de-Villejust . Plus tard, des terres son affermées par Augustin Régnier à François Lebas.

 

 

Les bulles pontificales

À la demande de l'abbé de Saint-Florent de Saumur, plusieurs souverains pontifes, donnèrent des bulles de confirmation des possessions du monastère en Hurepoix au XIIe siècle. Il s'agit de stabiliser et d'établir fermement le temporel des maisons religieuses en un temps où les donations pieuses pouvaient encore être contestées. Le 12 des calendes de mars 1122, le pape Calixte II nomme les églises Notre-Dame de Saulx [-les-Chartreux], Saint-Didier de Bruyères [-le-Châtel] avec la chapelle Sainte-Marie et l'église de Gometz-la-Ville avec l'église de Saint-Clair «  ecclesia de Gometio villa cum ecclesia Sancti Clari  ». Le Livre Rouge porte mention qu'aux calendes de février 1142, le pape Innocent II redonne un diplôme identique.

Le 18 des calendes de mai 1146, la bulle du pape Eugène III, reprend les mêmes termes en complétant les sanctuaires du diocèse de Paris que son prédécesseur avait omis. Voici un extrait de cette bulle «  Æcclesiæ sancti Eugenii de Diogelo, cum ecclesiæ Sancti Petri de Gonissa, et ecclesiæ Dionisii de Diuni et Sancti Marcelli de Sancto-Dionisio, et Sancti Martini de Vernelio et Sancti Martini de Groleio ; ecclesiæ Sancti Desiderii, cum capella Sanctæ Mariæ de Brueriis ; ecclesiæ Sancti Clari de Gomet Castello cum ecclesiis Sancti Germani de Gomet Villa et Sancta Maria de Bogivallo et capella Sanctæ Mariæ de Moleriis, cum omni dignitate et immunitate sua ; ecclesiæ Sancti Remigii juxta Chevrosam ; ecclesiæ Sanctæ Mariæ de Psallis, cum capella Sancti Juliani de Villa Justa  ». Ainsi selon ce diplôme nous reconnaissons les églises de Gometz-le-Châtel, Saint-Rémy de Chevreuse, Notre-Dame des Molières, etc. et nous savons que la chapelle de Villejust était dépendante de l'église Notre-Dame de Saulx «  ecclesia Sancta Maria de Psallis  ».

Quarante ans plus tard, le 5 des calendes de janvier 1186, dans le Livre Rouge, la bulle d'Urbain III reprend les possessions de Saint-Florent dans le diocèse de Paris «  episcopatu Parisiensi  ». Outre les églises et chapelle de la bulle d'Eugène III, il est fait mention de la chapelle Saint-Julien de Villejust qui semble être située dans la paroisse de Saulx. Notons qu'un extrait du pouillé général de Saint-Florent, dressé, vers 1270, par Michel Hurtaut, sous-prieur de l'abbaye «  in prioratu Sancte Marie de Saulz, habemus duos monachos et debet de censa L solidos  » dans le prieuré Notre-Dame de Salux, nous avons deux moines qui perçoivent 50 sols de cens. Le prélat ne nous parle pas de Villejust.

On lit dans la bulle d'Urbain III qui est de l'an 1186 exprime aussi l'église de Notre-Dame de Saux, mais sous un autre nom latin, et lui associe la chapelle de Saint-Julien de Villejust. Les termes de cette Bulle que tirés d'une Histoire manuscrite de saint Florent de Saumur sont les suivants «  in episcopatu Parisiensi, ecclesìam Sanctæ Mariæ de Psallis cum capella sancti Juliani de villa juxta   » . Celui qui écrivit le pouillé au XIIIe siècle aima mieux écrire le nom de ce village en français que de le latiniser. Il met «  ecclesia de Saud  ».

Ainsi, Comme nous l'a fait remarquer l'abbé Lebeuf, le scribe pontifical de 1146 écrivit Villa Justa alors que celui d'Urbain III écrivit Villa Juxta . Ce qui a produit plusieurs interprétations sur l'étymologie du village. Après avoir été une chapelle desservie par le prieur de Saulx-les-Chartreux, devenue paroisse à part entière la cure de l'église de Villejust est à la collation de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur avec sept autres paroisses du doyenné de Rochefort. Toutefois, la date du démembrement nous est inconnue.

 

 

Les diplômes de l'Official de Paris

Au XIIIe siècle, plusieurs chartes ont été données par l'Official du diocèse de Paris comme lettres de confirmation. En 1211, nous trouvons une sentence de l'official de Paris qui adjuge à l'Hôtel-Dieu de Paris toute la menue dîme de Villevent « de decima de Villa Conventi  », contrairement aux prétentions du curé de Villejust (7).

Voici la charte CLXXII du cartulaire (A) de l'Hôtel-Dieu de Paris. «  Officialis Parisiensis episcopi, omnihus presentes litteras inspecturis, salutem in Domino. Notum facimus quod Stephanus de Villajusta, presbiter, nomine parrochialis ecclesie, petebat a fratribus Domus Dei Parisiensis, in presentia nostra, totam minutam decimam de Villa Venti, quam fratres suam esse dicebant de dono venerabilis viri Mauricii, quondam Parisiensis episcopi, sicut in autentico ejus continebalur, et cum diu super hoc ventilala fuisset causa coram nobis inter ipsum petitorem, ex una parte, et fratres Domus impetitos, ex altera, tandem, inspecto tenore litterarum quas dicti fratres habebant super decima, consilio prudentium virorum adjudicavimus totam predictam dicte Domni Dei in pace remanere, dicto presbitero et ejus successoribus super predicta decima de cetero perpetuum silencium imponentes. In cujus rei firmitatem, presentem paginam fecimus sigillo curie Parisiensis muniri. Actum anno gracie M°CC° undecimo » .

« L'official de l'évêché de Paris, à tous que ces présentes lettres verront, au nom du Seigneur, salut. Nous faisons savoir qu'Etienne de Villejust, prêtre titulaire de l'église paroissiale, en présence d'un frère de l'Hôtel-Dieu de Paris, toute la menue dîme de Villevent, que les frères ont reçu de vénérable homme Maurice, évêque de Paris, comme attaché depuis longtemps faire sur cette affaire, un jugement entre ce demandeur, d'une part, et les frères de l'Hôtel-Dieu, défenseurs d'autre part, en fin de compte regardant précisément les lettres que les frères possèdent sur cette dîme, nous adjugeons avec prudence que toute la dîme susdite appartient aux frères de l'Hôtel-Dieu et détiennent en paix, et ledit prêtre et ses successeurs sont assigner perpétuellement au silence à propos de cette dîme. Pour que cette chose soit permanente, nous apposons le scel de la curie parisienne sur les présentes lettres. Donné l'an de grâce 1211 ».

Dans le cartulaire de Notre-Dame de Paris (Liber vigesimus tertius) la charte XL donnée en janvier 1241 concerne les lettres du chevalier Guillaume de Villejust «  Littera Guillelmi de Villa Justa, militis  ». Voici la transcripton de Benjamin Guérard : «  Omnibus, etc. Notum facimus quod, in nostra presencia constitutus, Guillelmus de Villa Justa, miles, recognovit se ratum et gratum habere dictum quinque hominum, videlicet Petri Luciane, Johannis dicti Douce Aille, Luce de Baloinvilier, Benedicti Bibentis Aquam et Roberti Anglici, clericorum a capitulo Parisiensi et sociorum ejus in decima de Longo Jumello, ex una parte, et decano de Longo Jumello, ex altera, quantum ad decimas, de quibus erat contencio inter ipsos ; et de non veniendo contra, fidem in manu nostra prestitit corporalem. Datum anno Domini M°CC°XL°, mense januario ».

« À tous ceux que ces lettres verront, nous faisons savoir qu'en notre présence le chevalier Guillaume de Villejust reconnaît ratifier et accepter la donation de cinq serfs, à savoir Pierre Luciane, Jean dit Douce Aile, Luc de Ballainvilliers, Benoît Buveur d'Eau, et Robert Anglais, au clerc du chapitre de Paris et faisant partie de sa dîme de Longjumeau, d'une part, et du doyen de Longjumeau, d'autre part, pour qu'au cas où un contentieux surviendrait entre eux, il ne pourraient aller contre parce que c'est dans nos mains comme temporel. Donné l'an de grâce 1240, au mois de janvier ».

Il semble que le Chapitre Notre-Dame de Paris possédait un fief à Villejust puisque dans la charte XXXI du Livre Noir, datée du mercredi 10 juillet 1275, les chanoines rendent les comptes des actifs et passifs du Chapitre en présence de vénérable homme le doyen Goeffroy, l'archidiacre Garnier, maître Robert de Bertendi, Pierre de Kala, clerc et prévôt. Au paragraphe des arrérages, nous lisons «  Hec sunt arreragia anni presentis, apud Villam Justam, a Guiardo armigero, XXV s.  », c'est-à-dire qu'un certain écuyer nommé Guyot a une dette de 25 sols envers les chanoines (8).

Par ses lettres portant scel de la prévôté, du vendredi d'avant la saint Barnabé apôtre, 12 juin 1296, Renaut d'Auvers, prévôt de Montlhéry confirme la vente par Arnoul Bomerche de Chaumuçon et Clémence sa femme, de quatre arpents de terre «  assis ou Vau de Verrilles, si comme il se comporten, en lonc et en lé…que il avaient pesiblement dou propre héritage à ladite Climance » à Thomas du Pont de Chartres et à ses hoirs, moyennant 70 sols parisis. Cette pièce de terre tient à la terre des Moines Blancs (les Cisterciens des Vaux de Cernay) d'une part, et aux friches à la demoiselle de Villers d'autre part, «  movent dou prestre de Villejust, à deus soubz parisis de cens   ».

Un autre acte de 1296 mentionne « … Item de Thoma Mabre, IIII arpenta terre, sita in valle de Verillez, mo[ventia] de presbitero de Villa-Justa, titulo empcionis. Actum M° CC° IIIIxx XVI… ». Ce qui signifie : de même, quatre arpents de terre de Thomas Mabre, sis dans le vallon de Verillez, dans la mouvance du curé de Villejust, qui les a mis en vente. Acte fait en 1296. Nous ignorons ce qu'est «  le vallon de Verillez  », peut être Villiers de Villebon ( ?). «  valle  » ne signifie pas nécessairement vallée, vallon mais aussi « creux, enfoncement ». Il s'agit de Vaularon, lieu que nous avons étudié.

Dans le Pouillé du diocèse de Paris du XIIIe siècle, nous lisons que dans le doyenné de Châteaufort, plusieurs églises sont à la collation extérieure de l'évêque, dont les cures placées sous l'autorité de l'abbé de Saint-Forent de Saumur «  ecclesie pertinentes ad donationam abbatis Sancti Florentii de Saumuro  ». Ce sont les églises de Saint-Rémy-les-Chevreuse «  ecclesia sancti Remigii  », de Gometz-le-Châtel «  ecclesia de Gomed Castro », de Gometz-la-Ville «  ecclesia de Gomed Villa  », des Molières «  ecclesia de Moleriis », de Bruyères-le-Châtel «  ecclesia de Brueriis  », de Saulx-les-Chartreux «  ecclesia de Saud  »et de Villejust «  ecclesia de Villa Justa » .

 

 

Visites archidiaconales de Josas

Au XVe siècle, sous le règne de Charles VII, le pays d'Hurepoix n'est pas encore relevé des saccages causés par les gens d'armes et la soldatesque au cours de la guerre de Cent ans. À partir de 1458, Jean Mouchard, vicaire et procureur de l'archidiacre de Josas effectue des tournées d'inspection dans la circonscription dont il a la charge. Les procès-verbaux des visites font état de paroisses désertes, de nombreuses comptent moins de dix paroissiens (un paroissien est un père de famille) et la plupart des églises sont en ruines. Pendant la période 1458-1470, la paroissiale de Saint-Julien de Villejust est visitée deux fois où Dom Pierre de Faya est prêtre .

Le lundi 10 juillet 1460, le vicaire de l'archidiacre de Josas a visité l'église paroissiale de Saint-Julien de Villejust «  ecclesiam parrochialem sancti Juliani martyris de Villa justa  » où Dom Pierre de Faya, le curé étant absent. Le vicaire ordonne à Richard le Breton marguillier, et le commissionne de suspendre les revenus de la cure à cause de l'absence du curé. Il y a seulement cinq paroissiens. L'église est presque totalement en ruine «  quasi destructa  », il n'y qu'une petite partie qui soit encore debout. Il n'y a ni sacrements, ni fonts baptismaux (visite n° 281).

Le lundi 22 juillet 1462, Messire le Vicaire épiscopal a retenu les revenus de la cure de Villejust, et les a confiés aux marguilliers. Dom Pierre de Fagia, curé de Villejust demande pardon pour ne pas avoir célébré la messe pendant trois dimanches ainsi qu'aux fêtes de saint Pierre et Paul et celle de sainte Madeleine (visite n° 512).

En juillet 1463, après être passé à l'église Saint-Étienne de Chilly, le vicaire arrive à Saulx pour inspecter la paroisse qui compte quinze communiants et l'église Notre-Dame «  ecclesia Nostre Domine de Salicibus  » où le curé Pierre Rousseau est absent. La visite est faite en présence de Dom Pierre de Faya, le curé de Villejust, Adam des Noiers et Pierre Guillaume marguilliers et des paroissiens Drogon Cressy, Gui Raveau, Jean Boulenier at autres.

À suivre…

 

 

Notes

(1) H. de Chevilly, Dictionnaire historique, critique, politique et moral des Bénéfices (chez D.C. Couturier, Paris, 1778) p. 539.

(2) Abbé J. Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris , t. IX (chez Prault, Paris, 1757) p. 303.

(3) Pierre-Thomas Hurtaut , Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs , t. IV (chez Moutard, Paris 1779).

(4) C.-M. Saugrain, Dictionnaire universelle de la France ancienne , t. III (chez Saugrain père, Paris, 1726) p. 855.

(5) J.-J. Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules , t. V (Paris, 1758).

(6) Jules Marion, Le cartulaire du prieuré de Notre-Dame de Longpont de l'Ordre de Cluny (Impr. Perrin et Marinet, Lyon, 1879).

(7) E. Coyecque, Archives de l'Hôtel-Dieu de Paris (Impr. Nat., Paris, 1894).

(8) B. Guérard, Cartulaire de l'église Notre-Dame de Paris , t. III (Impr. de Crapelet, Paris, 1850).

(9) Abbé J.-M. Alliot, Visites archidiaconales de Josas (A. Picard et fils, Paris, 1902).

 

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