Église de Saint-Julien de Villejust (4)
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Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------- _-------------------- --------- Avril 2011 Plan de détail et plan de coupe de l'église (1903) .JP. Dagnot C. Julien
Cette chronique est la quatrième et dernière partie de la série donnant l'histoire de l'église de Villejust (*). Après avoir décrit l'antiquité de la paroisse, les visites archidiaconales du XVe siècle, et les évènements survenus aux XVIe et XVIIe siècles, nous poursuivons notre récit par les évènements survenus dans la paroisse « Saint-Julien de Villejust et Fretay » comme elle était désignée avant la Révolution.
La paroisse de Villejust au XVIIIe siècle Alors que le roi Louis XV, encore enfant, monte sur le trône le 1er septembre 1715, la cure de Villejust est occupée par Monsieur l'abbé Guillaume. De nombreux paroissiens de Villejust s'intitulent « laboureur » comme Pierre Duval, Antoine Bassonet, Henry Famechon qui décède à l'âge de 31 ans, Denis Barre, Pierre Barthélemy l'ancien, Martin Gardien, Jacques Redon, etc. Ce sont les paysans qui possèdent quelques arpents qu'ils travaillent avec une charrue et un animal de trait. Le 27 janvier 1720, Magdelaine le Sage, femme d'Eustache Bessin, laboureur à Fretay donne naissance à des jumeaux. De nombreux manœuvriers et des journaliers peuplent la paroisse ; bien souvent ce sont des provinciaux du Limousin ou de Normandie qui viennent chercher du travail en région parisienne comme Vincent Volant, chartier à La Saussaye. À plusieurs reprises le curé de Villejust désigne ses paroissiens par la profession de « haricandier », comme Jean Barthélemy qui décède à 51 ans le 26 janvier 1717, son frère Pierre qui se marie avec Jeanne Fouchaint tous deux dans la cinquantaine, Pierre Bourgeois mari d'Anne Renault. Le terme « haricandier » désigne un paysan de statut intermédiaire entre le manouvrier et le laboureur, du vieux français aricandier , peiner . Il possède peu de terre, une trentaine de perches et travaille pour d'autres cultivateurs à l'occasion. Dans son dictionnaire du monde rural, Lachiver donne les formes « haricotier », « aricandier » et « havicandier ». Dans l'acte de sépulture de Denys Bouchard, le curé Guillaume écrit « fils de Toussaint Bouchard, haricandier de cette paroisse… » (1). Un petit nombre de paroissiens sont nommés en tant que vigneron. En 1723, Denys Bouchard, « vigneron de cette paroisse » est parrain du fils de René Barre, lui-même vigneron à Villejust, comme André Cossonnet époux de Marie Regnault. Le village compte quelques personnes âgées, telle Barbe Jellin, âgée de 74 ans, femme de Louis Houdon, et aussi des veuves. Il est commun de voir les filles du village se marier avec des garçons des paroisses des alentours, telle Marie Chastelain avec Pierre Charpentier, vigneron à Saulx, telle Geneviève David qui épouse Jacques-Huvert Indiapas, « concierge du chasteau de Vilbon », Marie Anne Duval épouse Jean Desforges, chartier à Ballainvilliers, etc. Par acte du 31 juillet 1716, quatre messes basses sont fondées, dont deux pour Claude Breton, veuve Louis (?) et deux autres pour Catherine Breton, veuve Perchais. L'acte passé le 11 novembre 1717 devant Lamoureux notaire à Orsay, établit un obit pour trois messes basses pour Catherine Goix. Le mardy 23 may 1719, l'abbé Goulard archidiacre de Josas fait sa visite ordinaire à Villejust (2). Outre les dispenses pour cause de consanguinité et d'affinité simple, l'affinité spirituelle était également évoquée, cela « procède du baptême, parce que celuy ou celle qui a tenu un enfant sur les fonds baptismaux, contracte avec luy une affinité qui le rend comme son père ou sa mère, il contracte en outre une autre affinité avec les père et mère de l'enfant » (3). Ce fut le cas à Villejust en 1723. « L'an mil sept cent vingt trois, le vingt septième jour de septembre après les publications des bans faittes par trois dymanches et festes consécutifs sçavoir dans la paroisse de Cernais les 24, 25 et 29 aoust comme il nous a paru par le certificat de Monsieur le curé signé Boutte en date du 12 septembre et dans cette paroisse les 25 et 29 aoust et le 5 septembre et après les fiançailles célébrées. Veü la dispense d'affinité spirituelle entre les parties accordée par son Éminence Monseigneur le cardinal de Noailles, archevêque de Paris en datte du 13 septembre, signée Louis Antoine Card. de Noailles, Arch. de Paris et plus bas Menalais, duement insésiné le 22 du même mois. Ce même jour ont été par nous mariés et ont reçu de nous la bénédiction nuptiale après que nous avons pris leur consentement mutuel Louis Michot , fils de Jean Michot et de deffuncte Marie Rolis, veuf en premières noces de Elisabeth Aurarie et en secondes noces de Marie Le Roy, et Anne Renault, âgée de quarante huit ans, veuve de deffunct Pierre ? de cette paroisse, fille de deffunct Pierre Renault et de deffuncte Anne Lavannes, la présence de Philippe Leroy, vigneron de cette paroisse et de André Preux de la paroisse sainte-Marguerite à Paris, tous deux amis de l'époux, André Cossonnet, vigneron de cette paroisse beau-frère de l'épouse, Michel Boudinet pareillement de cette paroisse, lesquels ont signés à l'exception de l'époux, l'épouse et Philippe Leroy qui ont déclaré ne sçavoir signer ». La visite de l'abbé Jacques Goulard, archidiacre de Josas pour l'année 1726 à lieu le 6 septembre. Le 1er janvier 1728, « est décédé Messire François Guillaume prêtre curé de cette l'église paroissiale Saint-Julien de Viljust âgé de 44 ans et demy, inhumé dans le chœur de cette église le deuxième jour desd. Mois et an par nous curé d'Orsay soussigné en présence de Messire Estienne Guillaume, curé de Fresnes, de Messire Gabriel Guillaume, prêtre vicaire en ce lieu et de Nicolas Joseph Guillaume receveur de Fresnes, les frères soubsigniez avec Messieurs les curés voisins soubsignez ». Voici les noms des curés voisins venus à Villejust : Charreyre curé de Beauregard, Angoullian curé de Morangis, F. Auclerc curé de Palaiseau, De Coigny curé de Villebon, Morin de La Pillien curé de Champlan, J.B. Boisseau curé de Janvris, Moulinier curé de Nozay-La Ville-du-Bois, Le Roux curé d'Orsay, Saint-André curé de Marcoussy, D. Faublet curé de Saint-Clair. Dès le 7 janvier 1728, nous trouvons Gabriel Guillaume curé de Villejust qui succède à son frère. Le 1er avril 1728, Jacques Bertrand signe le registre en tant que curé de Villejust. En décembre 1728, Prénastel, vicaire de Villejust, signe le registre en l'absence du curé. En septembre de la même année, Messire René Bellot prêtre-vicaire assiste le curé. En novembre 1735, le vicaire quitte Villejust étant nommé à la cure de Chatelus en Bourgogne, diocèse d'Autun. À cette époque Nicolas Barthélemy est charron à La Poitevine. Le 4 janvier 1736, Pierre Guillaume Le Chevalier, vicaire de Nozay assure le service funèbre de Denis Barre. Jean Barthélemy est procureur fiscal de Villejust. À cette époque deux témoins signent la plupart des actes de sépulture de Villejust : le bedeau Jean Houdon et Damoiselle Marguerite-Catherine Bertrand « fille majeure qui habite au presbytère » qui est la sœur du curé. Depuis août 1734, Jean Houdon, vigneron, était bedeau à l'église de Villejust. Il décède le 4 mars 1738 à l'âge de 30 ans et enterré le lendemain en présence de nombreux vignerons et de ses frères Marin, Louis et Pierre. Ce dernier décède deux semaines plus tard à l'âge de 28 ans « vivant vigneron à La Poitevine ».
Signatures de Marguerite-Catherine Bertrand, du bedeau et du curé de Villejust (30 septembre 1736).
Par un acte signé le 25 mars 1737, un obit est fondé pour huit messes basses, requiem et de profondis pour le repos de Charles Goix et Marie Colin. Le 27 août 1739, le curé Bertrand inhume Michel Legrié, âgé de 36 ans laboureur demeurant à La Poitevine. En présence de sa femme Claude Charlotte Tisserand, Marguerite Legrié demeurant à Orsay, sœur du deffunt, Denis Tisserand, neveu de la veuve demeurant à Palaiseau, Marie Delorme veuve de Nicolas Legrié, marchand de bois à Orsay mère du deffunt, Marie-Jeanne Rigault femme d'Antoine Denis Tisserand, huissier à Palloiseau, belle-sœur à cause de son mari de laditte veuve Tisserand, Marguerite Provost femme de Jacques Legrié voiturier à Palloiseau, belle-sœur du deffunt et Messire rené Hure, curé d'Orsay qui ont signé avec moy curé de Villejust… L'acte du 25 septembre 1738 est la fondation d'un obit pour quatre messes basses,...., pour Martin Gardien et Jeanne Moreau. Le 3 octobre 1738, Barthélemy Guezard, « fermier de la ferme seigneuriale de Villejust » baptise sa fille Marie-Madeleine. Le 9 novembre 1739, la famille et les amis du curé de Villejust est assemblés lors du mariage de son frère Pierre Bertrand, huissier commissaire priseur à Paris avec Sébastienne Delamarre. La bénédiction nuptiale est célébrée par le frère du marié Valentin Bertrand, prêtre curé de la paroisse de Montgé au diocèse de Meaux. C'est un mariage que l'on peut qualifié de « bourgeois ». Du côté du marié, le père est chirurgien, les témoins sont Messire Jacques Bertrand curé de Villejust son frère, frère Simon Simonet religieux Chartreux oncle maternel, Philippe Bertrand maître chirugien à Rebais son frère aîné et son parrain, damoiselle Marguerite-Catherine Bertrand sa sœur, Messire Gacou avocat au Parlement de Paris, Monsieur Demours docteur en la faculté de médecine à Paris, Monsieur Debausse auditeur des comptes, Monsieur Lamier président au Parlement de Paris. Le 17 juin 1740, un exploit d'assignation est fait à la requête de Henry Robin à la veuve Redon afin de payement et livraison audit Robin des dixmes de Nozay et La Ville-du-Bois, de trente gerbes d'avoine pour 1739, .... au total, il y a 132 gerbes d'avoine, 32 de vesse, 24 de poires à agneaux ou 250 livres ... L'acte fait mention d'un décret de l'évêque de Paris de l'an 1194, portant donation par aumosne à perpétuité au profit des religieuses de l'église et hôtel royal de Notre-Dame de la Saussaye-les-Villejuifs, lors propriétaires de la ferme de la Saussaye, anciennement appelée Villoison ou Gennesoirs, size en la paroisse de Viljust de toutes les dixmes dues sur les terres de ladite église dans les gaingnages de la grange de Villoison, le contrat contenant déclaration par lesdites religieuses cession et transport de 3 février 1453 de la ferme de la Saussaye à Delamarche, laboureur (voir la chronique « La ferme de la Saussaye »). Un inventaire des titres et papiers et effets mobiliers de la fabrique de Villejuif, contenant 53 côtes est dressé le 14 avril 1744. En 1746, René Barre vigneron est bedeau de Villejust. La bénédiction de la cloche nommée Gabrielle Jeanne comme la dame Duquesne de Villejust, veuve d'Antoine Jollibois est faite le 4 novembre 1749. Le registre paroissial mentionne : « L'an 1749 par moy curé soussigné ont été bénittes les deux cloches de cette église, la grosse pesant quatre cent soixante et dix-neuf livres, la petite pesant trois cent quarante quatre. La première nommée Gabrielle Jeanne ayant été tenüe par Demoiselle Gabrielle Jeanne Duchesne dame de la terre et seigneurie de Villejust et autres lieux, veuve d'Antoine François de Jollibois, écuyer, maréchal des logis du Roy et par Messire Jean-Philippe Hippolires Lambert, chevalier conseiller du Roy, président trésorier de France, général des finances et grand voyer en la Généralité de Paris, son gendre. La seconde nommée Jeanne Françoise ayant été tenüe par Messire Mathieu Pierre Bailly, conseiller du Roy, nottaire, garde-nottes et garde-scel au Châtelet de Paris, oncle paternel de la mareine, et par Demoiselle Jeanne Françoise de Jollibois de Villejust épouse de Messire Jean-Philippe Hippolites Lambert, chevalier conseiller du Roy, président trésorier de France, général des finances et grand voyer en la Généralité de Paris. Jean Cahouet et Philippe Pulué étans marguilliers en charge. Fait à Villejust le 4 novembre 1749. Lesdits pareins, mareines et marguilliers ont signé avec moy curé. Et à cette occasion les pareins et mareines ont donné à laditte église trois chappes de moire blanche à orfrois de Damas cramoisy, un tapis de moquette blanche et verte pour le petit lutrin, un canon d'autel encadré et deux ceintres d'aubes, et ont fait réparer le tabernacle et remettre à neuf le tableau du maître autel représentant la Résurrection. Lesdits jour et an que dessus et ont signez ». Le 21 décembre 1752, devant notaire, une convention est passée avec la fabrique pour régler les honoraires, obits rétribution du sieur Bertrand. Un inventaire des titres de la fabrique est dressé. Deux ans plus tard, le 19 mai, un différend éclate entre le curé et les habitants sur les biens et temporel de ladite église. Un concordat est établi à la réquisition de Jacques Bertrand, curé de Saint-Julien de Villejust, du procureur fiscal « à l'issue de la messe, avec les paroissiens assemblés et les marguilliers ». Ce document très intéressant répertorie toutes les fondations de Villejust depuis le milieu du XVIe siècle. Fin 1755, le curé de Villejust est malade ne pouvant plus assurer le service divin. Il est remplacé par messire René Huré, prêtre curé de d'Orsay et par messire Germain Sacreste de Prase, prêtre desservant cette paroisse. L'abbé Jacques Bertrand meurt en 1756. « L'an mil sept cens cinquante six le dimanche dix huitième jour du mois de juillet entre quatre et cinq heures après midi a été inhumé dans le chœur de cette église paroissiale le corps de Messire Jacques Bertrand, âgé d'environ soixante ans, décédé le jour précédent à sept heures du matin en son presbytère ayant reçu les derniers sacrements la veille du décès, prêtre curé de cette paroisse depuis vingt huit ans et demi. La cérémonie de ladite inhumation a été faite après l'office des morts par nous prêtre curé de Champlan et de Longjumeau en partie, soussigné, ancien de la confrérie en présence de Messiere François Charrier, prêtre curé de Bures, de messire René Huré, prêtre curé de d'Orsay, de messire Germain Sacreste de Prase, prêtre desservant cette paroisse, de messire Adrien Bailié, prêtre desservant Nozay, de messire Jean Lhuillier, prêtre curé de de Saulx de MM. les Chartreux, de messire Pierre Bertrand huissier commissaire priseur au Châtelet de Paris, y demeurant Parvis Notre-Dame, paroisse de Sainte Marie-Madeleine et autres qui ont signé avec nous ». Notons également la présence d'autres curés des environs : Dom Rousseau curé de Marcoussis, B. Feragu, curé de Nozay-La Ville-du-Bois, et le curé de Villebon.
Coffre à trois clefs de la fabrique .
Après la mort du curé l'intérim est assurée par son frère Victor Bertrand, curé de Montgé diocèse de Meaux. Le 24 octobre 1756, frère Savnour, prestre et religieux des Célestins de Maroufs, diocèse de Paris, assure les fonctions de curé à Villejust. Jean-Baptiste Lefebvre est nommé à la cure de Villejust en décembre 1756. En janvier 1762, M .T. Lecrivain, vicaire remplace le curé, puis en juillet c'est le vicaire nommé Durand. Le 21 mai 1773, Pierre Baudet, fermier de la Plesse, déclare qu'il a acheté à Marguerite Bertrand, une maison pour Jean-Baptiste Lefèvre, prestre curé de Villejust, auquel il n'a fait que prêter son nom. Le 6 août 1775, les habitants de Nozay sont assemblés pour prendre communication d'une signification faite à la requête du Sieur Fontenilliat au sujet de l'imposition pour laquelle il a été compris au rolle de répartition des deniers destinés au payement de la reconstruction de l'église de la paroisse de Villejust à cause de 75 arpents de terre qu'il prétend faire partie de l'ancienne ferme de la Saussaye réunie à celle de Villarceau et dont il paye la dixme aux religieux de Longpont gros décimateur de cette paroisse de Nozay ... il faut choisir soit Nozay soit Villejust!!!! Une nouvelle assemblée des habitants de Nozay est convoquée le 22 avril 1776, à la réquisition de Antoine Tisserand, laboureur demeurant à Villarceau, comme syndic en charge de la paroisse, « avec la plus saine partie des habitans », toujours au sujet des 75 arpens de la ferme de la Saussaye réunie à celle de Villarceau, de la dixme de Villejust due au gros décimateur de Longpont, font opposition aux deniers pour la reconstruction de l'église de Villejust. La déclaration au terrier de Villejust est faite le 7 septembre 1783, par Jean-Baptiste Lefèvre prêtre curé de ladite église, déclarant qu'il détient à titre de cens de Benoist Marie de Montessuy seigneur dudit Villejust les biens suivants : Un bail des terres de la fabrique est passé le 5 décembre 1784. À cette époque Antoine Chartier est bedeau à Villejust. Dans les compte de la fabrique de 1786, deux mémoires concernent « la petite école » (école primaire) de Villejust : Plusieurs pièces nous renseignent sur le maître d'école de Villejust qui, avant la Révolution, dispensait une instruction sous le contrôle de l'Église. Le 11 novembre 1786, Jacques Prin, maître d'école signe une quittance à Pierre Duval, marguillier en charge de l'œuvre et fabrique de l'église de Villejust de la somme de 75 livres tournois pour ses gages et honoraires « de six mois à commencer du 11 may jusqu'aujourdhui 11 du présent mois de novembre ». Le compte de la fabrique de 1789 mentionne que « Jacques Prin, instituteur, reconnait avoir reçu 150 livres pour ses honoraires et gages par le marguillier ». Le terrier de La Poitevine et Fretay fut refait le 3 juillet 1786 sur ordre de Très Haute et Très Puissante Dame, Madame Elisabeth Thérèse, Marguerite Chevalier, comtesse d'Esclignac, dame du Plessis-Pâté, Marcoussis et autres lieux, et des fiefs de Fretay et La Poitevine y annexés. Dans le mémoire accompagné d'un plan terrier très détaillé, Messire Nicolas Le Dure, commissaire à terrier et aux droits seigneuriaux, qui déclarant que « laditte dame comtesse d'Esclignac tient et possède en laditte haute, moyenne et basse justice de Villejust… », énumère les noms des censitaires. Sur le chantier de la Marre du Coin, la fabrique de Villejust est mentionnée pour posséder trois arpents de terre labourable.
Confessionnal.
La réfection de la cloche Au mois de février 1789, la fabrique de Villejust fait appel aux services d'un serrurier de Longjumeau pour la réparation du clocher de l'église. Un mémoire de réfection de la cloche est dressé (4). Voici la transcription (dans l'esprit et la lettre) : Bien évidemment nous avons gardé l'écriture originale du mémoire du serrurier de Longjumeau qui était bien loin de maîtriser une bonne orthographe.
La petite école de Villejust La lecture du mémoire précédent nous donne l'opportunité de parler de l'enseignement avant la Révolution. Les gens sachant « écrire et signer » avaient acquis l'écriture « aux petites écoles » ou « écoles de charité », termes usités au XVIIIe siècle pour désigner l'école paroissiale, « l'une des manifestations les plus vivantes des communautés d'habitants » comme nous dit Mireille Laget (5). Ces écoles primaires de village, qui dépendaient de la fabrique, peuvent être considérées comme la preuve de l'œuvre scolaire de l'Église d'Ancien Régime. Nous avons parlé à plusieurs reprises de Jacques Prin, maître d'école de Villejust dont les honoraires et gages, qui s'élevaient à 150 livres , étaient payés par le marguillier. Par les édits de 1698, puis de 1724, le roi donna un appui officiel pour l'établissement de maîtres et de maîtresses dans toutes les paroisses, pour instruire tous les enfants. Toutefois dans les campagnes, la pauvreté aidant, les enfants allaient rarement à l'école, plutôt employés dans les travaux des champs. Ainsi on peut lire bien souvent dans les registres paroissiaux, jusqu'en 1789 « a déclaré ne sçavoir signer, de ce interpellé suivant l'ordonnance », formule consacrée pour excuser le déclarant ou le témoin. Examinons les registres paroissiaux de Villejust pour les années 1786-1788 d'où nous pouvons extraire quelques statistiques. Ainsi, sur 73 actes de baptême, mariage et sépulture, 47 personnes sur 198 ont déclaré être illettrés soit 24% de la population de Villejust. En examinant de plus près, nous constatons que la grande majorité des déclarants ne savoir écrire ni signer est constituée par trois types de population :
Signatures du maître d'école et du curé de Villejust (3 octobre 1786).
Quand aucun des témoins ne sait signer, le curé fait appel au bedeau ou au maître d'école ou encore à l'un de ses collègues, comme le prêtre Jean-Baptiste Poullain. Quinze fois, nous trouvons la signature de Jacques Prin. Le 9 février 1786, le maître d'école se propose d'être le parrain d'un enfant d'une fille-mère accouchée par Jeanne Elisabeth « prud'homme maîtresse sage-femme. Le curé mentionne « le père est un quidam dont nous ignorons le nom ». Quelques exceptions contredisent notre statistique, le 3 août 1786, Jacques Barthélemy, journalier demeurant à La Poupardière , en déclarant la naissance de ses jumelles, signe d'une belle écriture régulière. Remarquons toutefois que l'écriture des noms propres n'était pas figés à cette époque. Sur l'acte du 6 novembre 1787, le curé écrivit « André Cossonet, vigneron demeurant à La Poetvinne , hameau de cette paroisse ». À suivre…
Notes (*) Pour des documents complémentaires, nous recommandons le site de l'Association Historique de Villejust « Regards en arrière » (http://asso.villejust.free.fr/). (1) Archives communales de Villejust. Registre paroissial. (2) Au début du XVIIIe siècle, nous trouvons à plusieurs reprises la famille Bessin qui aurait pu donner son nom au lieu-dit « La Folie Bessin ». Le 20 février 1722, les frères Jacques et Charles Bessin assistent à l'enterrement de leur jeune neveu Jean Chevalier mort à l'âge de 19 ans, fils de Jeanne Bessin. (3) Jacques Pelletier, Instruction très facile et nécessaire pour obtenir en cour de Rome toutes forme d'expéditions …"(Paris, 1680). Cet aspect a été traité dans un article paru dans "Généalogie en Yvelines, n°32, juin 1995". (4) Transcrit par l'Association « Villejust, un regard en arrière ». La frette est une bande de fer qui entoure un morceau de bois pour éviter qu'il se fende. (5) M. Laget, Petites écoles en Languedoc au XVIIIe siècle , in : Annales, économies, sociétés, civilisations, 26e année, no. 6 (1971), pp. 1398-1418.
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